Législatives : Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez... Des élus et figures LR refusent l'alliance avec le RN prônée par Éric Ciotti

À trois semaines des élections législatives anticipées, Éric Ciotti souhaite un accord avec le RN. Mais d’autres députés et figures de LR sont farouchement opposés à une telle alliance.

Figure des Républicains, Xavier Bertrand s'oppose à tout alliance avec le Rassemblement national. (Photo by Sameer Al-Doumy / AFP) (Photo by SAMEER AL-DOUMY/AFP via Getty Images)
Figure des Républicains, Xavier Bertrand s'oppose à tout alliance avec le Rassemblement national. (Photo by Sameer Al-Doumy / AFP) (Photo by SAMEER AL-DOUMY/AFP via Getty Images)

La droite et l’extrême droite peuvent-elles aborder les législatives des 30 juin et 7 juillet, main dans la main ? Après une première main tendue par Jordan Bardella, le chef de file des Républicains Éric Ciotti a dit au 13h de TF1 souhaiter une alliance entre son parti et le Rassemblement national.

"Nous avons besoin d'une alliance en restant nous mêmes en évitant le danger des insoumis. Il faut une alliance, nous le faisons, avec le Rassemblement national, avec ses candidats à droite avec tous ceux qui se retrouvent avec des idées de droite, des valeurs de droite", a-t-il expliqué.

Mais l'initiative d'Éric Ciotti est loin de faire l'unanimité. Avant la prise de parole du président des LR, certains députés LR et anciennes ou actuelles figures du parti de droite on fait part de leur désaccord total à l'idée d'une telle proximité avec le RN. Qui sont-ils ?

Le risque d’une telle alliance ? Voir imploser le parti des Républicains, dont certains membres ont déjà exprimé leur farouche opposition à un accord avec le Rassemblement National. "Monsieur Ciotti, entraînerez-vous la droite républicaine, ses élus, ses militants dans la honte ?", demande le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, membre des Républicains avant son entrée au gouvernement en 2017, tandis que Xavier Bertrand assure que "l’ADN de la droite républicaine, c’est : jamais les extrêmes. Jamais le Front National. Jamais Marine Le Pen".

"Nos mentors doivent se retourner dans leur tombe !", déplore Renaud Muselier, président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Guillaume Larrivé, ancien député UMP puis LR pendant 10 ans, parle "d’une faute majeure contre l’intérêt de la France". Valérie Pécresse, présidente du Conseil régional d'Île-de-France et ancienne LR dit qu'elle n'acceptera "jamais aucune compromission avec les extrêmes".

Dans un communiqué publié sur X, Jean-François Copé rappelle que la décision d’un tel accord entre RN et LR ne peut être prise "par un seul homme". L’ex-secrétaire général de l’UMP exige "la convocation d'un bureau politique dans les 24 heures afin que ce sujet soit débattu et tranché par la voie collégiale".

D’autres, enfin, n’ont pas encore pris position. Ce mardi après-midi, Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône Alpes, doit annoncer sa candidature aux élections législatives, informe Le Parisien. Mais, selon son entourage, cité par France Télévisions, "Laurent Wauquiez s'oppose à tout accord électoral avec le RN".

Peu avant la prise de parole d'Éric Ciotti sur TF1, Laurent Wauquiez a également rejeté l'idée d'un accord avec le parti d'extrême droite. Les sénateurs LR ont également voté contre.

De son côté, Gérald Darmanin, ancien LR, a eu des mots durs à l'encontre d'Éric Ciotti. Le ministre de l'Intérieur a jugé que le président des Républicains "signe les accords de Munich et enfonce dans le déshonneur la famille gaulliste en embrassant Marine Le Pen". Usant des mêmes références historiques, Julien Dive, juge qu'Éric Ciotti n'aurait "jamais traversé la Manche" en juin 1940.

Rapidement après l'interview d'Éric Ciotti, plusieurs membres LR ont confirmé leur désaccord avec leur président et même appelé à sa démission. C'est le cas d'Olivier Marleix, qui estime qu'Éric Ciotti "n'engage que lui". Florence Portelli, vice-présidente LR, avait prévenu le président de son parti avant l'interview : "Si Éric Ciotti annonce une alliance avec le RN, je demanderai sa démission". Gérard Larcher, président du Sénat, a également demandé la démission du président des LR.

Quid d’un accord avec Renaissance ? Le patron des Républicains, dont le parti et la tête de liste François-Xavier Bellamy sont arrivés en cinquième position avec 7,24% des voix ce dimanche 9 juin aux européennes, avait estimé dimanche qu'il est "hors de question" de s'allier avec "ce pouvoir qui a tant abîmé la France".

En décembre 2023, un sondage Ipsos montrait qu’en cas de législatives anticipées, le parti Les Républicains risquait de perdre une dizaine de sièges à l'Assemblée nationale. L'enquête prédisait en moyenne 53 sièges contre les 62 députés actuels.

De son côté, et malgré des désaccords persistants, les Verts, LFI, le PS et le Parti communiste ont acté lundi soir le principe de candidatures uniques. En annonçant la "constitution d’un nouveau front populaire", sept mois après l’implosion de la Nupes, la gauche française espère faire barrage au spectre d’une extrême droite accédant au gouvernement.