Législatives : Xavier Bertrand, Laurent Wauquiez... Des élus et figures LR refusent l'alliance avec le RN prônée par Éric Ciotti
À trois semaines des élections législatives anticipées, Éric Ciotti souhaite un accord avec le RN. Mais d’autres députés et figures de LR sont farouchement opposés à une telle alliance.
La droite et l’extrême droite peuvent-elles aborder les législatives des 30 juin et 7 juillet, main dans la main ? Après une première main tendue par Jordan Bardella, le chef de file des Républicains Éric Ciotti a dit au 13h de TF1 souhaiter une alliance entre son parti et le Rassemblement national.
"Nous avons besoin d'une alliance en restant nous mêmes en évitant le danger des insoumis. Il faut une alliance, nous le faisons, avec le Rassemblement national, avec ses candidats à droite avec tous ceux qui se retrouvent avec des idées de droite, des valeurs de droite", a-t-il expliqué.
🔴 Le président LR souhaite un alliance avec le RN
🗣️ "Nous avons besoin d'une alliance en restant nous-même. Une alliance avec le Rassemblement national, une alliance à droite avec tous ceux qui se retrouvent dans des idées de droite" : @ECiotti pic.twitter.com/dLZwtLxoBG— TF1Info (@TF1Info) June 11, 2024
Mais l'initiative d'Éric Ciotti est loin de faire l'unanimité. Avant la prise de parole du président des LR, certains députés LR et anciennes ou actuelles figures du parti de droite on fait part de leur désaccord total à l'idée d'une telle proximité avec le RN. Qui sont-ils ?
"Le FN, jamais" dit Xavier Bertrand, "La honte" selon Bruno Le Maire
Le risque d’une telle alliance ? Voir imploser le parti des Républicains, dont certains membres ont déjà exprimé leur farouche opposition à un accord avec le Rassemblement National. "Monsieur Ciotti, entraînerez-vous la droite républicaine, ses élus, ses militants dans la honte ?", demande le ministre de l’Économie Bruno Le Maire, membre des Républicains avant son entrée au gouvernement en 2017, tandis que Xavier Bertrand assure que "l’ADN de la droite républicaine, c’est : jamais les extrêmes. Jamais le Front National. Jamais Marine Le Pen".
Monsieur Ciotti, entraînerez-vous la droite républicaine, ses élus, ses militants dans la honte ? pic.twitter.com/YuptuZAERC
— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) June 11, 2024
Le FN, jamais. Ni aujourd'hui, ni demain, ni après-demain.
Dans la minute qui a suivi les déclarations de @MLP_officiel sur un possible accord avec la droite, j’attendais un communiqué de presse d’@ECiotti pour clarifier la ligne @lesRepublicains et affirmer qu’il n’y aura… pic.twitter.com/u8INdkwNuz— Xavier Bertrand (@xavierbertrand) June 11, 2024
"Nos mentors doivent se retourner dans leur tombe !", déplore Renaud Muselier, président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur. Guillaume Larrivé, ancien député UMP puis LR pendant 10 ans, parle "d’une faute majeure contre l’intérêt de la France". Valérie Pécresse, présidente du Conseil régional d'Île-de-France et ancienne LR dit qu'elle n'acceptera "jamais aucune compromission avec les extrêmes".
Fidèle à une droite gaulliste et républicaine, ayant affronté en première ligne @emmanuelmacron, je n’accepterai jamais aucune compromission avec les extrêmes, dont j’ai la conviction qu’ils ameneront la France à la faillite et au chaos.
— Valérie Pécresse (@vpecresse) June 11, 2024
De Gaulle, Pompidou, Chirac : nos aînés, mes maitres, nos mentors doivent se retourner dans leur tombe !
La France 🇫🇷 libre bafouée , la croix de Lorraine humiliée ! Où est passé la famille politique que j’ai tant aimé et servie ,dont j’ai porté l’étendard avec fierté et… pic.twitter.com/0Xa5OECxKz— Renaud Muselier (@RenaudMuselier) June 11, 2024
La soumission de LR au RN serait une faute majeure contre l’intérêt de la France. Le seul chemin possible pour la droite républicaine, c’est de préparer l’avenir en restant fidèles à notre héritage gaulliste. Dans la tempête, gardons notre cap, avec honneur !
— Guillaume Larrivé (@GLarrive) June 11, 2024
Dans un communiqué publié sur X, Jean-François Copé rappelle que la décision d’un tel accord entre RN et LR ne peut être prise "par un seul homme". L’ex-secrétaire général de l’UMP exige "la convocation d'un bureau politique dans les 24 heures afin que ce sujet soit débattu et tranché par la voie collégiale".
D’autres, enfin, n’ont pas encore pris position. Ce mardi après-midi, Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône Alpes, doit annoncer sa candidature aux élections législatives, informe Le Parisien. Mais, selon son entourage, cité par France Télévisions, "Laurent Wauquiez s'oppose à tout accord électoral avec le RN".
Peu avant la prise de parole d'Éric Ciotti sur TF1, Laurent Wauquiez a également rejeté l'idée d'un accord avec le parti d'extrême droite. Les sénateurs LR ont également voté contre.
Alors que la folie s'empare de la politique française et que la France va traverser une période de grande instabilité, notre pays va avoir besoin d'élus solides et fidèles à leurs convictions. Le devoir de la Droite républicaine est de proposer une parole claire et indépendante…
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) June 11, 2024
De son côté, Gérald Darmanin, ancien LR, a eu des mots durs à l'encontre d'Éric Ciotti. Le ministre de l'Intérieur a jugé que le président des Républicains "signe les accords de Munich et enfonce dans le déshonneur la famille gaulliste en embrassant Marine Le Pen". Usant des mêmes références historiques, Julien Dive, juge qu'Éric Ciotti n'aurait "jamais traversé la Manche" en juin 1940.
Éric Ciotti signe les accords de Munich et enfonce dans le déshonneur la famille gaulliste en embrassant Marine Le Pen. Une honte. Français, réveillons-nous !
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) June 11, 2024
Nous savons désormais qu’en juin 1940, Eric Ciotti n’aurait jamais traversé la Manche.#LesRésistants
— Julien DIVE (@JulienDive) June 11, 2024
Des appels à la démission d'Éric Ciotti
Rapidement après l'interview d'Éric Ciotti, plusieurs membres LR ont confirmé leur désaccord avec leur président et même appelé à sa démission. C'est le cas d'Olivier Marleix, qui estime qu'Éric Ciotti "n'engage que lui". Florence Portelli, vice-présidente LR, avait prévenu le président de son parti avant l'interview : "Si Éric Ciotti annonce une alliance avec le RN, je demanderai sa démission". Gérard Larcher, président du Sénat, a également demandé la démission du président des LR.
À la suite des déclarations d’@ECiotti j’estime qu’il ne peut plus présider notre mouvement et doit se démettre de son mandat de président des @lesRepublicains
— Gérard Larcher (@gerard_larcher) June 11, 2024
Eric Ciotti n’engage que lui. Il doit quitter la Présidence des @lesRepublicains
— 🇫🇷 Olivier Marleix (@oliviermarleix) June 11, 2024
Aucune coalition avec Emmanuel Macron
Quid d’un accord avec Renaissance ? Le patron des Républicains, dont le parti et la tête de liste François-Xavier Bellamy sont arrivés en cinquième position avec 7,24% des voix ce dimanche 9 juin aux européennes, avait estimé dimanche qu'il est "hors de question" de s'allier avec "ce pouvoir qui a tant abîmé la France".
Il est hors de question d’entrer dans une coalition avec ce pouvoir qui a tant abîmé la France.
Le macronisme, c’est toujours plus d’impôts, d’immigration et d’insécurité.
Fidèles à nos valeurs, nous allons mener cette campagne autour des valeurs de la droite !— Eric Ciotti (@ECiotti) June 9, 2024
En décembre 2023, un sondage Ipsos montrait qu’en cas de législatives anticipées, le parti Les Républicains risquait de perdre une dizaine de sièges à l'Assemblée nationale. L'enquête prédisait en moyenne 53 sièges contre les 62 députés actuels.
De son côté, et malgré des désaccords persistants, les Verts, LFI, le PS et le Parti communiste ont acté lundi soir le principe de candidatures uniques. En annonçant la "constitution d’un nouveau front populaire", sept mois après l’implosion de la Nupes, la gauche française espère faire barrage au spectre d’une extrême droite accédant au gouvernement.