Législatives : affaire Quatennens, lutte contre l'antisémitisme, Hamas... Les sujets qui peuvent diviser la gauche

À trois semaines des élections législatives anticipées, la gauche souhaite former une grande alliance. Mais quels sont les sujets sur lesquels LFI, le PS, le PC ou les Verts sont-ils en désaccord ?

Les partis de gauche sont-ils réconciliables, en vue des législatives du 30 juin 2024 ? (AP Photo/Christophe Ena)
Les partis de gauche sont-ils réconciliables, en vue des législatives du 30 juin 2024 ? (AP Photo/Christophe Ena)

Pour tenter de l’emporter contre l’extrême-droite les 30 juin et 7 juillet prochains, la gauche compte bien s’appuyer sur une large alliance. Après l’appel de François Ruffin à la création d’un Front populaire, à l’image de la coalition de 1936, Fabien Roussel (Parti communiste), Olivier Faure (PS) et plusieurs membres de LFI, tels que Jean-Luc Mélenchon et Manon Aubry, ont approuvé l’idée d’une union de la gauche.

Une réunion pourrait se tenir ce lundi après-midi entre les différents partis composant la Nupes. À cette occasion, certains sujets de désaccord pourraient bien être abordés. Quels sont-ils ?

En décembre 2022, l’élu LFI du Nord Adrien Quatennens était condamné à quatre mois de prison avec sursis pour des violences sur son ex-compagne. Il a depuis réintégré le groupe parlementaire LFI, lors du mouvement contre la réforme des retraites en 2023. Aujourd’hui, et en cas d’union de la gauche, la potentielle investiture d’Adrien Quatennens pourrait faire l’objet de débats.

"La question se pose" a lancé la députée écologiste Sandrine Rousseau, quelques heures après l'annonce de la dissolution, sur BFMTV. Il y a deux ans, elle demandait sa démission en affirmant : "Un député condamné pour violences conjugales ne peut pas siéger".

Adrien Quatennens, quant à lui, s’est dit "prêt" à l'annonce de la dissolution de l’Assemblée nationale, sur BFM TV, ajoutant : "Je voudrais nous appeler toutes et tous à la prudence".

Autre investiture qui pourrait porter à confusion : celle de Julien Bayou, député sortant EELV à Paris. Visé par une plainte pour harcèlement moral et abus de faiblesse par son ancienne compagne, il n'a pas été condamné, contrairement à Adrien Quatennens. Mais Julien Bayou a claqué la porte du mouvement EELV et de son groupe parlementaire en avril dernier, dénonçant "un acharnement déloyal" de son parti et se disant "à bout", précise Franceinfo.

La lutte contre l'antisémitisme est également évoquée comme un sujet pouvant diviser au sein de la Nupes. C’est en effet sur ce sujet de désaccord que l'alliance des gauches s’est disloquée, deux jours après l’attaque d’Israël par le Hamas.

Sur LCI, François Kalfon, député européen (PS) à peine élu, demande une gauche "claire sur l'antisémitisme". Interrogé pour savoir s’il demanderait à Jean-Luc Mélenchon de qualifier le Hamas d'organisation terroriste, il a répondu : "Ça me parait tout à fait évident".

La question de la cause palestinienne est un sujet central pour La France Insoumise. Jean-Luc Mélenchon voit dans la reconnaissance de la Palestine "un moyen de pression" pour qu'Israël cesse ses opérations à Gaza. Alors que le parti soutient majoritairement une solution à deux États, la députée européenne nouvellement élue Rima Hassan propose quant à elle la création d'un unique État binational démocratique.

Fin mai, le député LFI Sébastien Delogu sortait un drapeau palestinien en plein hémicycle, imité quelques jours plus tard par sa collègue Rachel Keke. Peu après ce geste, Raphaël Glucksmann, candidat PS aux européennes, avait critiqué de la part de LFI "un phénomène de tiktokisation de la vie politique".

Lors des législatives de 2022, la Nupes avait proposé un programme partagé, dans l’espoir de constituer une majorité à l’Assemblée nationale. Pour ces nouvelles élections, les Insoumis souhaitent qu’il serve à nouveau de base pour un nouvel accord. Au sein du dernier programme se trouvaient beaucoup de points de convergence entre les différents partis de gauche (augmentation du smic, rétablissement de la retraite à 60 ans, encadrement des loyers, rétablissement d’un impôt sur la fortune, VIe République …etc).

À l’inverse, d’autres points suscitaient des désaccords, listés par Radio France. Sur leurs 650 mesures, 5% faisaient l’objet de différend plus ou moins prononcés, précisait Jean-Luc Mélenchon à l’époque. C’était le cas la sortie du nucléaire, l’instauration d’une prise en charge "100 % sécu", la question de la place de la France dans l’OTAN, le vote à 16 ans au lieu de 18, la limitation des pratiques de la chasse, la GPA mais aussi quelques nuances sur la légalisation du cannabis ou l’utilisation de l’expression "violences policières". Autant de sujets sur lesquels, faute de temps, la gauche devra s’accorder dans les grandes lignes si elle souhaite faire barrage au Rassemblement National.