L'effet vaccin pour expliquer la baisse des cas au Royaume-Uni? Pas si vite

Delta majoritaire, l'épidémie régresse. La diminution des cas de Covid-19 au Royaume-Uni et aux Pays-Bas correspondrait au début d'une immunité collective pour les plus optimistes. Mais d'autres explications existent.  (Photo: SOPA Images via Getty Images)
Delta majoritaire, l'épidémie régresse. La diminution des cas de Covid-19 au Royaume-Uni et aux Pays-Bas correspondrait au début d'une immunité collective pour les plus optimistes. Mais d'autres explications existent. (Photo: SOPA Images via Getty Images)

CORONAVIRUS - Depuis cinq jours, le nombre de cas de Covid-19 détectés au Royaume-Uni est reparti à la baisse. Pourtant aucune mesure restrictive n’a été prise dans les jours ou semaines précédentes. À cette décrue, s’ajoute une autre. Depuis 8 jours, les Pays-Bas voient eux aussi les contaminations ralentir. Le point commun entre ces deux pays? Avec respectivement 54 et 48% de schémas vaccinaux complets, ils sont parmi les plus vaccinés d’Europe.

Assiste-t-on à la naissance de l’immunité collective au Royaume-Uni et aux Pays-Bas? Il est tentant d’agiter ces exemples comme le signe de jours meilleurs. Mais pour l’heure aucune autorité sanitaire et très peu de scientifiques ne crient victoire, car d’autres facteurs pourraient intervenir. La partie est donc loin d’être jouée. Elle est pour autant riche d’enseignements.

Si les deux pays enregistrent une baisse, celle-ci ne trouve pas nécessairement son origine au même endroit. Car contrairement au Royaume-Uni qui est entré le 19 juillet dans une phase décisive de son déconfinement, les Pays-Bas ont récemment fait marche arrière face au coronavirus. Le 9 juillet, face à un nombre de contaminations multiplié par sept en une semaine, le Premier ministre Mark Rutte a décidé de fermer les boîtes de nuit et de renforce le protocole des restaurants, principaux lieux de contaminations selon l’OMT, le Conseil scientifique néerlandais.

Les jeunes, principaux carburants du Covid-19

Ces nouvelles mesures ciblent principalement les jeunes; le nombre d’infections “augmente de manière exponentielle en particulier chez les 18-25 ans, précisait l’OMT, dans une lettre adressée au Parlement quelques jours avant le rétropédalage. Depuis, la situation s’est améliorée: le 16 juillet, plus de 11.000 cas étaient détectés. Le 25 juillet, le pays repassait sous la barre des 5000, selon Reuters. Et il devrait être inférieur à 4000 ce lundi.

Au Royaume-Uni aussi, ce sont les jeunes qui se contaminent le plus au Covid-19. Mais là-bas, le remède a depuis peu un goût de fête. Si Boris Johnson a reporté le déconfinement, il a finalement “libéré” son pays des contraintes sanitaires le 19 juillet. Fin des jauges, ouverture des discothèques... théoriquement une vraie bombe, sur le plan épidémiologique, alors qu’à l’époque, les cas continuaient d’augmenter.

Assez pour considérer que Boris Johnson a eu la bonne stratégie, lui qui parie désormais uniquement sur la couverture vaccinale du pays, une des meilleures au monde? Les cinq jours de baisse consécutive observés depuis le 21 juillet ne suffisent pas à lui donner raison. D’abord parce que la tendance n’est pas complètement confirmée: “Il est possible qu’il ait du retard dans les remontées des données de terrain”, évoque Florence Débarre, épidémiologiste au CNRS interrogée par Le HuffPost.

Les festivités pourraient relancer la machine

Autre élément évoqué par la chercheuse: les 0-19 ans sont autant affectés que les 20-29, mais eux n’ont pas accès aux boîtes et bar, et ne fréquentent plus l’école depuis le 15 juillet, date de début des vacances scolaires. Ils auraient donc moins de risques de transmettre le virus.

C’est une hypothèse parmi d’autres. Le comportement des populations a également pu évoluer: plus en extérieur, plus attentif aux gestes barrières.

Si la baisse des cas n’est pas une erreur de remontées statistiques ni la seule conséquence de la vaccination, les festivités comme celles qui ont suivi le 19 juillet (surnommé “Freedom day”) pourraient alors relancer la machine. Tout comme aux Pays-Bas, si le gouvernement vient à relâcher la pression qu’il exerce sur les jeunes et les activités nocturnes.

En attendant, prudence est de rigueur: “Nous n’avons aucune garantie. Si les conditions changent (notamment le respect des règles sanitaires, NDLR), la trajectoire peut changer aussi. On ne sait pas prédire l’avenir”, résume la chercheuse Florence Débarre.

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Cet article a été initialement publié sur Le HuffPost et a été actualisé.

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