Le second semestre s'ouvre sous le signe de l'aversion au risque

par Patrick Vignal

PARIS (Reuters) - Les principales Bourses européennes ont terminé lundi dans le rouge la première séance d'un second semestre qui s'annonce compliqué, dans un contexte marqué par la persistance des tensions commerciales et le risque d'éclatement de la coalition au pouvoir en Allemagne.

À Paris, le CAC 40 a perdu 0,88% à 5.276,76 points. Le Footsie britannique a cédé 1,17% et le Dax allemand a reculé de 0,55%.

L'indice EuroStoxx 50 a abandonné 0,69%, le FTSEurofirst 300 0,73% et le Stoxx 600 0,84%.

L'actualité reste dominée par les frictions entre les Etats-Unis et leurs principaux partenaires commerciaux.

Washington doit mettre en application vendredi des droits de douane sur 34 milliards de dollars (29 milliards d'euros) de produits chinois, une perspective qui fait craindre un nouvel enchaînement de représailles et contre-représailles.

L'Union européenne a ainsi expliqué aux Etats-Unis que l'imposition de droits de douane sur les voitures et les pièces automobiles nuirait à leur propre industrie automobile et entraînerait probablement des contre-mesures de ses partenaires commerciaux sur un montant de 294 milliards de dollars d'exportations américaines.

LA COALITION ALLEMANDE MENACÉE

Dans un rapport de 10 pages adressé vendredi dernier au département américain du Commerce, l'UE déclare que les droits de douane sur les voitures et les pièces détachées automobiles sont injustifiables et n'ont pas de sens sur le plan économique.

Du côté de l'Allemagne, le ministre de l'Intérieur d'Angela Merkel, Horst Seehofer, également président de l'Union chrétienne-sociale (CSU), le parti conservateur bavarois en désaccord avec la politique migratoire de la chancelière, a proposé de démissionner de ces deux postes.

L'information relance les craintes d'un éclatement de la majorité au pouvoir à Berlin, une perspective qui fait baisser l'euro (-0,67% à 1,16 dollar).

Les dirigeants des trois partis de la coalition au pouvoir en Allemagne - CDU, CSU et SPD - comptent se retrouver ce lundi soir autour de 22h00 locales (20h00 GMT) pour tenter de sortir de la crise.

"Les tensions commerciales et les incertitudes politiques en Allemagne détournent les investisseurs des actions", commente l'analyste David Madden (CMC Markets). "Le bras de fer entre les Etats-Unis et la Chine entraîne des mouvements à la vente sur la crainte d'un impact sur la croissance provoquant un ralentissement économique".

Autre nouvelle peu rassurante pour les marchés, la croissance du secteur manufacturier dans la zone euro a ralenti en juin pour le sixième mois d'affilée, tombant à son niveau le plus faible depuis un an et demi dans un climat d'inquiétude sur les barrières douanières et leur impact économique.

Signe que le commerce reste la préoccupation numéro un des investisseurs, le secteur des matières premières, l'un des plus sensibles aux tensions, accuse une nouvelle fois le repli le plus marqué en Europe, de 2,46%.

L'ACTION AIRBUS SANCTIONNÉE

Le pétrole, lui, reste orienté à la baisse malgré les efforts déployés par la Maison blanche pour minimiser la portée du message publié par Donald Trump sur Twitter évoquant une hausse de deux millions de barils par jour de la production saoudienne.

Le Brent perd près de 2% pour repasser sous 78 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) cède 0,75% à 73,63 dollars.

Logiquement, les valeurs pétrolières et parapétrolières ont souffert: TechnipFMC a perdu 3,36%, la plus forte baisse du CAC 40, et Royal Dutch Shell 1,24%.

Autre valeur sanctionnée, Airbus, qui a abandonné 2,54% après un article de Bloomberg selon lequel l'objectif de livraisons d'A320neo du groupe sera difficile à atteindre.

Les grands indices de Wall Street reculent de 0,3% à 0,5% à l'heure de la clôture en Europe.

L'indice IPC de la Bourse de Mexico perd pour sa part 1,49% en réaction à la victoire historique de la gauche mexicaine à l'élection présidentielle de dimanche sur fond de relations tendues avec les Etats-Unis de Donald Trump.

Sur le marché des changes, le peso cède 1,25%, à 20,164 pour un dollar.

Andres Manuel Lopez Obrador, 64 ans, que l'on surnomme AMLO, est resté vague sur les détails de la politique qu'il entend mener. Cherchant à séduire tout à la fois les partisans du nationalisme économique, ceux de la gauche libérale et les conservateurs sociaux, il a promis de combattre les inégalités et d'améliorer les salaires ainsi que la protection sociale tout en réduisant les dépenses budgétaires.

"Ses premières déclarations conciliantes suggèrent un pragmatisme politique, de la responsabilité sur le plan de la politique budgétaire et de l'unité nationale, ainsi que le respect de l'indépendance de la banque centrale et de l'accord de libre-échange nord-américain", commente Paul Greer, gérant de portefeuille spécialisé dans les obligations émergentes chez Fidelity International.

(Édité par Wilfrid Exbrayat)