L'axe Rabat-Washington est fait pour durer

“Des jeunes Marocains rêvant des Etats-Unis, on en trouve à
tous les coins de rue. Et particulièrement sur le boulevard Moulay Youssef à
Casablanca, siège du consulat américain. Karim, trentenaire, vient aujourd’hui déposer
son dossier pour tenter sa chance dans le Diversity Immigrant Visa Program,
une sorte de mégaloterie pour l’attribution de la green card à laquelle
participent chaque année plus de 100 000 Marocains”, souligne Tel Quel.
Une représentation diplomatique qui est sans doute l’un des bâtiments les plus
protégés de la ville. Car les Etats-Unis n’ont pas que des fans au Maroc et nombreux
sont ceux qui “voient derrière la bannière étoilée les traits du grand satan, responsable des malheurs du monde musulman”.

Toutefois l’antiaméricanisme reste peu significatif dans la
rue marocaine et ne trouble pas les relations entre les deux pays. Ainsi,
début septembre “alors que le département d’Etat est meurtri par la perte
de quatre de ses diplomates en Libye, que les Américains regardent incrédules la
réaction disproportionnée des musulmans à la suite du film Innocence of Muslims, les
officiels marocains, eux, sont reçus en grande pompe dans l’antre de la politique
étrangère à Washington. Hasard du calendrier, le 13 septembre, à Washington,
était programmée la première session du dialogue stratégique entre les deux
pays. Quoi de mieux pour confirmer que le royaume est différent des autres pays
arabes.”

Aide financière, accord de libre-échange, statut d’allié
majeur (non-membre) de l’OTAN… “Les ‘cadeaux’ de l’Oncle
Sam, il faut bien les mériter. Et le Maroc fait tout pour plaire. En plus de la
libéralisation économique qui coïncide avec les objectifs idéologiques américains,
des positions de la diplomatie chérifienne moins hostiles à l’égard de l’Etat
d’Israël, le royaume a toujours été un pilier de la présence américaine au
Maghreb et au Moyen-Orient.” Même si Mitt Romney gagne la présidentielle, les relations Rabat-Whashington ne changeront pasCette coopération est aussi une nécessité
pour les Etats-Unis préoccupés par l’installation au Sahel d’Al-Qaida au
Maghreb islamique (Aqmi), même si la gestion régionale de l’antiterrorisme est
plutôt chapeautée par l’Algérie. Et de son côté, Rabat n’hésite pas à dérouler le
tapis rouge à toute forme de collaboration. Et de rappeler les “affaires
de vols secrets de la CIA et de sous-traitance d’interrogatoires de présumés
terroristes qui avaient fait les choux gras de la presse internationale au fur
et à mesure que des prisonniers de Guantanamo Bay étaient libérés”. En retour, Washington confirme les prises de position
soutenant le plan d’autonomie marocain pour le Sahara, le qualifiant de “sérieux”
et “crédible”. Un changement de président le 6 novembre risque-t-il de se
ressentir sur les relations entre Rabat et Washington ? Pour Samuel Kaplan, ambassadeur américain à Rabat : “Il
peut y avoir des différences de style, mais rien ne changera dans le fond.”
D’ailleurs le royaume compte des appuis aussi bien dans le camp républicain que
dans le camp démocrate, souligne Tel Quel, qui rappelle que si la secrétaire
d’Etat Hillary Clinton s’est avérée un allié de taille pour le Maroc de
nombreux accords et avantages avaient été négociés sous l’administration
républicaine de George W. Bush.

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