Laurent Wauquiez embarrassé par des soupçons d’emplois fictifs en vue de la présidentielle 2027

La cellule investigation de Radio France liste quatre collaborateurs de Laurent Wauquiez dont la réalité du travail pour la région Auvergne-Rhône-Alpes pose question.

Ce n’est plus un secret : Laurent Wauquiez a bien l’élection présidentielle dans le viseur. Éric Ciotti, actuel président des Républicains, avait même fait de sa candidature l’une de ses promesses de campagne à la tête du parti. De quoi destiner le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes (Aura) à un parcours sans obstacle ? Pas vraiment.

La cellule investigation de Radio France révèle, ce jeudi 19 octobre, une affaire qui pourrait fortement embarrasser le candidat putatif. Et pour cause, l’enquête révèle que quatre proches de Laurent Wauquiez disposent d’emplois payés par la région Auvergne-Rhône-Alpes, sans qu’aucun lien avec des dossiers locaux ne soit véritablement établi.

Quatre collaborateurs cités

La cellule investigation de Radio France en liste quatre. Parmi eux, Nawel G.. Sa rémunération ? 5 080 euros net. Son lieu de travail ? Paris. Ses tâches réalisées pour la région ? Mystère, de l’aveu même des services administratifs de la collectivité, qui ont écrit dans un document interne que ce poste, qui ne figurait dans aucun organigramme, n’avait « pas d’utilité, ni de contenu ». Le hic, c’est que cette employée mène en parallèle une activité de conseil en relations publiques et communication au sein de sa propre société, toujours basée à Paris.

À la région, et au regard des nombreuses missions exercées par l’intéressée au sein de l’appareil de LR, certains estiment qu’il s’agit d’un poste purement politique visant à travailler pour la candidature de Laurent Wauquiez en 2027. « Il n’y a pas de précampagne présidentielle en cours », a-t-elle répondu à la radio, assurant qu’elle a bien travaillé pour la région.

L’enquête cite également un très proche collaborateur du président de région, Arnaud B.. Bien connu des journalistes politiques parisiens, celui-ci émarge aux alentours de 10 000 euros brut, et travaille aussi depuis Paris. Auprès de Radio France, plusieurs sources internes le soupçonnent de travailler exclusivement sur des questions nationales, et non locales.

Même sentiment concernant Charlotte V., 27 ans. Vice-présidente des Jeunes LR, elle est employée en qualité de conseillère technique pour un salaire de 4 000 brut, également depuis Paris. Accessoirement, elle est également adjointe à la mairie de Nemours (Seine-et-Marne), ville dont sa mère, l’ancienne députée LR Valérie Lacroute, est maire. Ce qui, en soi, ne pose pas de problème juridique. Là où ça coince, c’est que du côté de Lyon, siège de la région, personne « n’a entendu parler » de l’intéressée. « J’assure l’organisation et le lien avec les institutions et les personnalités dans le cadre du mandat de Laurent Wauquiez », a-t-elle justifié à Radio France.

« Informations mensongères »

La radio cite enfin Roch d. B., directeur adjoint du cabinet de Laurent Wauquiez, qui n’aurait pas davantage été aperçu du côté de l’hôtel de région, travaillant, lui aussi, depuis la capitale. Pour les sources interrogées par Radio France, cette équipe parisienne ne travaille en réalité au service que d’une seule cause : l’ambition nationale de Laurent Wauquiez. Citée dans l’enquête, la région met en avant le développement du télétravail pour justifier la situation. Or, comme le souligne Radio France, au conseil régional d’Aura, le recours au télétravail est plafonné à deux jours par semaine.

En conférence de presse ce jeudi, le président de région a vivement critiqué cette enquête. « Cet article repose, et je le regrette, sur des informations qui sont mensongères, erronées et malhonnêtes. Je regrette que les journalistes de Radio France aient été instrumentalisés par de telles sources. Je sais que c’est devenu un sport national de diffuser de fausses rumeurs sur les élus, surtout à certains moments », a-t-il répliqué, affirmant que la région Auvergne-Rhône-Alpes allait exercer son « droit de réponse » pour donner sa version des faits.

Quoi qu’il en soit, les critiques n’ont pas tardé. « La deuxième région de France mérite mieux qu’un président de région absent. J’espère que la justice pourra faire son travail en toute indépendance sur les soupçons de quatre emplois fictifs », a tweeté la députée LFI du Puy-de-Dôme Marianne Maximi. « Après l’affaire Sitbon et les dîners fastueux, voici les soupçons d’emplois fictifs. Dans son obsession pour la présidentielle, Laurent Wauquiez semble un peu trop s’inspirer de François Fillon », a taclé dans un communiqué le groupe écologiste à la région.

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