Laurent Theis, l’historien des rois francs

Un alto-médiéviste n'est pas un virtuose pratiquant un alto de forme primitive mais un spécialiste du haut Moyen Âge, cette période qui s'achève dans des limites floues, après l'an mil. Laurent Theis, dont les lecteurs du Point connaissent la plume enlevée, est un alto-médiéviste de la plus noble facture, lui qui eut pour professeurs les deux maîtres Georges Duby et Jacques Le Goff, avant de devenir leur assistant, leur ami et leur éditeur. Près d'un demi-siècle après ses débuts, Bouquins lui rend hommage en réunissant l'ensemble de ses ouvrages médiévistes – à l'exception, on le regrette, de L'Avènement d'Hugues Capet et de Charles le Chauve. L'empire des Francs. L'occasion pour le spécialiste d'esquisser dans la préface un parcours qui résume aussi la fortune du Moyen Âge en France depuis 1970.
À propos de sa biographie «  imaginaire  » de Dagobert, Laurent Theis estime modestement que «  le résultat ne ressemblait à rien, ce qui est déjà quelque chose  ». Rompu à l'art de tirer la substantifique moelle de sources pour le moins lacunaires, il a, après Duby et son Dimanche de Bouvines, poursuivi l'étude de la postérité de ces premiers rois francs fondamentaux que furent Dagobert, Clovis ou Robert le Pieux, le fils d'Hugues Capet. L'historien se devant, lui aussi, de relier la chaîne des temps, ce volume copieux s'enrichit de textes inédits qui permettent de combler les béances entre Clovis et Dagobert – les «  royaumes combattants  » – puis entre Dagobert [...] Lire la suite