L'archevêque de Dijon entame sa mission d'inspection du diocèse de Bayonne

Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, à la cathédrale Notre-Dame de Bayonne, le 9 septembre 2019 (Iroz Gaizka)
Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, à la cathédrale Notre-Dame de Bayonne, le 9 septembre 2019 (Iroz Gaizka)

La gouvernance controversée du diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron-Sainte-Marie est au coeur d'une "visite fraternelle" qu'effectue cette semaine dans les Pyrénées-Atlantiques l'archevêque de Dijon, chargé par le Vatican de réaliser un audit après des plaintes de fidèles.

Mgr Antoine Hérouard, accompagné d'une sœur "pour la prise de notes", mènera sept entretiens par jour, de lundi à vendredi, dans la circonscription ecclésiastique que dirige Mgr Marc Aillet depuis 2008.

Au sein de la communauté religieuse, de nombreuses voix ont critiqué, depuis plusieurs années, cet évêque âgé de 67 ans connu pour ses positions conservatrices - il s'est prononcé récemment contre la bénédiction des couples de même sexe ou contre l'inscription de l'interruption volontaire de grossesse (IVG) dans la Constitution.

Le peu de place qu'il laisserait aux laïcs dans sa conduite du diocèse et un tournant "rigoriste" insufflé aux paroisses ont été régulièrement mis en cause.

"Le sujet, c'est la gouvernance. Rome reçoit des mails critiques, mais également de soutien. L'objet est que Rome voie s'ils ont un fondement", affirme à l'AFP l'archevêque de Dijon qui doit rencontrer Mgr Aillet, "ses collaborateurs, des évêques et les personnes en responsabilité".

- Rapport remis durant l'été -

Mgr Hérouard reviendra début juillet pour achever ses entretiens, avant de remettre un rapport au Vatican durant l'été. Sur cette base, Rome pourra "soit entamer une discussion avec l'évêque et faire des recommandations, soit demander une visite apostolique. Mais on n'en est pas là du tout", a poursuivi le prélat.

L'an dernier, il avait déjà été mandaté par le pape François pour effectuer une "visite apostolique" du diocèse de Fréjus-Toulon, une mission d'inspection plus conséquente. Elle avait abouti à la nomination, en novembre, d'un "coadjuteur", sorte d'adjoint aux côtés de l'évêque conservateur Mgr Dominique Rey, à la gouvernance également critiquée.

Marc Aillet avait été vicaire général dans le Var de 2002 à 2008, aux côtés de Mgr Rey, avant d'être nommé à Bayonne.

Dans les Pyrénées-Atlantiques, "de nombreux sujets sont remontés d'un peu partout", du Béarn au Pays basque, témoigne une fidèle de Pau qui place "beaucoup d'attente et d'espoir" dans la visite de Mgr Hérouard. À la condition qu'il ne rencontre pas "seulement les proches collaborateurs" de Mgr Aillet, "sinon cela n'aura aucun intérêt".

L'archevêque de Dijon a précisé à l'AFP qu'il rencontrerait aussi "des laïcs" et "des personnes qui peuvent avoir une approche différente" des responsables du diocèse.

- Visions -

Un des sujets concerne son "accompagnement pastoral" de l'Alliance des cœurs unis, un groupe de prière organisé autour des visions d'une certaine "Virginie", qui a fait l'objet de plusieurs signalements à la cellule des dérives sectaires de l'épiscopat, selon le quotidien La Croix. Elle est l'autrice d'un livre, "Les Secrets du Roi", dont l'évêque de Bayonne a signé la préface.

Cette mouvance a déjà fait l'objet d'une "enquête interne" de l'Église, souligne Mgr Hérouard. "La mission d'inspection n'a pas vocation à dire ce qu'il faut penser de son message. Par contre, il s'agit de regarder comment l'évêque se situe" par rapport à l'Alliance des cœurs unis: "Se situe-t-il de façon juste ou cela pose-t-il des questions?".

Autre grief, l'installation dans la maison diocésaine de Pau, l'an dernier, d'une délégation des chanoines de Lagrasse, communauté traditionaliste de l'Aude. Plusieurs dizaines de fidèles avaient exprimé leur scepticisme, lors d'une réunion publique, envers des prêtres célébrant la messe en latin et dos à l'assemblée.

Marc Aillet, issu de la communauté Saint-Martin, a également fait venir à Biarritz des membres de cette fraternité sacerdotale conservatrice.

En 2016, le journal Sud Ouest avait évoqué l'existence d'une fronde menée par une soixantaine de prêtres et d'un courrier adressé aux hautes autorités de l'Église. L'évêque avait reçu leurs représentants, tout en minimisant l'ampleur de la contestation.

Selon la paroissienne paloise s'exprimant anonymement, le diocèse est aujourd'hui "complètement fracturé" et subit une "hémorragie" de pratiquants face à "l'uniformisation à marche forcée" qu'imposerait Mgr Aillet. "C'est une instrumentalisation de l'Évangile à des fins politiques et idéologiques", estime cette fidèle.

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