La langue que nous parlons détermine-t-elle notre perception du monde ?

L’hypothèse de Sapir-Whorf affirme que les populations dans le monde, en raison des différences linguistiques, ne perçoivent pas la réalité de la même manière.   - Credit:AJR_photo / Shutterstock / Shutterstock / AJR_photo
L’hypothèse de Sapir-Whorf affirme que les populations dans le monde, en raison des différences linguistiques, ne perçoivent pas la réalité de la même manière. - Credit:AJR_photo / Shutterstock / Shutterstock / AJR_photo

Les Esquimaux auraient plus de cinquante mots pour décrire la neige ; l'allemand serait une langue si structurée qu'elle serait idéale pour la philosophie ; les Bretons seraient les seuls capables de percevoir la couleur « glaz » (ni vert ni bleu, et intraduisible en français)… Ces affirmations, souvent prononcées par des linguistes du dimanche, sont à prendre avec précaution, mais posent une question sérieuse : la langue influence-t-elle notre perception du monde ? Il s'agit de l'hypothèse de Sapir-Whorf, dont il faut démêler le vrai du faux.

L'hypothèse Sapir-Whorf tient son nom de la thèse défendue par l'anthropologue américain Edward Sapir, puis défendu par son élève, Benjamin Lee Whorf, dans les années 1930. Selon les deux hommes, les êtres humains « sont à la merci de la langue ». C'est ce qu'on appelle le déterminisme linguistique. Leurs recherches tentent de démontrer que les populations dans le monde, en raison des différences linguistiques, ne perçoivent pas la réalité de la même manière.

L'histoire du peuple intemporel

Pour illustrer cette thèse intrigante, Whorf nous emmène chez les Hopi, une tribu amérindienne. L'anthropologue affirme qu'ils n'ont pas de mots pour définir le concept du « temps », ni de constructions grammaticales indiquant le passé ou le futur, et qu'ils ne peuvent donc pas le concevoir. Selon lui, c'est pour cette raison qu'ils vivent la réalité d'une manière fondamentalement différente. Hors du temps.

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