Lactalis mis en examen dans l’affaire du lait infantile contaminé

Le groupe laitier Lactalis a été mis en examen ce jeudi 16 février dans l’affaire du lait infantile contaminé.
Charles Platiau / Reuters Le groupe laitier Lactalis a été mis en examen ce jeudi 16 février dans l’affaire du lait infantile contaminé.

JUSTICE - Une enquête qui débouche sur une mise en examen. Entendus dans l’affaire du lait contaminé aux salmonelles ce jeudi 16 février au tribunal de Paris, le groupe Lactalis et la société Celia Laiterie de Craon ont été mis examen pour tromperie aggravée et blessures involontaires, indique un communiqué du groupe transmis à l’AFP.

Les deux sociétés ont été mises en examen pour tromperie aggravée, blessures involontaires et inexécution de mesures de retrait et rappel, et placées sous contrôle judiciaire avec un cautionnement de 300 000 euros chacune, selon le groupe, des informations confirmées par une source judiciaire.

Plus de quatre ans après l’ouverture d’une information judiciaire, un représentant des deux sociétés a répondu aux questions d’un juge du pôle santé publique du tribunal judiciaire de Paris, comme l’avait révélé Le Figaro.

« L’ensemble des collaborateurs et des dirigeants du groupe Lactalis a pleinement conscience des épreuves vécues par les familles dont les enfants ont été malades et souhaite que les raisons de cette intoxication soient pleinement éclairées », avait précédemment commenté le groupe, assurant coopérer « en toute transparence avec les autorités judiciaires ».

53 nourrissons atteints de salmonellose

Au total, 53 nourrissons identifiés avaient été atteints de salmonellose en France fin 2017 après avoir consommé un produit pour enfant, essentiellement de marque Milumel ou Picot, sorti de l’usine de Craon, située en Mayenne.

Les salmonelloses sont des intoxications alimentaires, qui vont de la gastroentérite bénigne à des infections plus graves, notamment pour les jeunes enfants, les personnes âgées ou affaiblies.

Le processus de retrait avait été chaotique et de nombreux dysfonctionnements ayant mené à la contamination avaient été mis au jour. Après plusieurs semaines de crise, le groupe, réputé pour sa culture du secret, avait retiré mi-janvier 2018 la totalité de ses laits infantiles produits dans l’usine incriminée, dont la production avait dû être suspendue pendant plus de six mois.

Déjà une contamination en 2005

L’entreprise dirigée par Emmanuel Besnier avait affirmé que la contamination s’expliquait par des « travaux réalisés courant 1er semestre 2017 ». Mais le site avait déjà subi une contamination à la salmonelle en 2005. L’Institut Pasteur avait ensuite annoncé être arrivé à la conclusion que la bactérie présente à Craon avait subsisté entre 2005 et 2017.

Plusieurs centaines de plaintes ont été déposées et plusieurs dizaines de personnes ont été auditionnées par les enquêteurs. En octobre 2019, Emmanuel Besnier a été entendu dans le cadre d’une garde à vue, dont il est sorti sans poursuite.

Selon une expertise rendue en octobre 2022 et versée au dossier, dont les journalistes de l’AFP ont eu connaissance, « l’entreprise a manqué de vigilance voire de clairvoyance vis-à-vis des signaux négatifs répétés qui alertaient sur une perte de sécurité de la fabrication ».

« Mais le dossier ne conduit aucunement à constater que l’entreprise n’aurait pas respecté ses engagements préétablis pour se mettre en conformité avec les exigences de la réglementation (...) ou bien qu’elle aurait commercialisé avant le 1er décembre (2017, ndlr) des produits en sachant qu’ils étaient contaminés par des salmonelles suite à une analyse d’autocontrôle », ajoutent toutefois les experts.

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