Comment l'absence de Stéphanie Frappart à l'Euro est vécue à la FFF

Comment l'absence de Stéphanie Frappart à l'Euro est vécue à la FFF

Face à la fierté de voir deux arbitres français retenus pour l’Euro 2024, François Letexier et Clément Turpin, figure la déception de ne pas y voir Stéphanie Frappart. Même si son absence n’est pas scandaleuse en soi, elle s’explique par une logique très simple de l’UEFA et notamment de Roberto Rosetti, le patron des arbitres de l’instance européenne: ne prendre que les meilleurs, les plus en forme du moment.

"C’est la seule boussole de l’UEFA, explique Éric Borghini, président de la commission fédérale de l’arbitrage à la FFF.

"Ils ne jurent que par la performance. Ils ne veulent pas prendre de risques avec leur compétition phare. Stéphanie n’a sans doute pas fait sa meilleure saison, mais ne pas la voir quatrième arbitre ou même à la VAR est décevant. Pour le symbole et pour continuer à encourager des vocations chez les filles, ils auraient pu la retenir". D’ailleurs, sur le site internet de l’UEFA, le communiqué avec la liste des arbitres retenus pour l’Euro se trouve juste à côté d'un communiqué sur la campagne pour encourager les jeunes à s’engager dans l’arbitrage. Et qui est en photo? Stéphanie Frappart.

"Elle s’est un peu usée"

Au-delà de ses performances en demi-teinte cette saison, Stéphanie Frappart a aussi dû gérer de nombreuses sollicitations en marge de son travail d’arbitre. "Elle a été très demandée dans les territoires pour parler de son parcours poursuit Borghinhi. Elle a été souvent invitée dans les médias, et c’est très bien. Elle a aussi accepté de figurer parmi les 12 personnalités du Comité national d’éthique voulu par la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castera. Elle s’est peut-être un peu dispersée et donc déconcentrée. Elle paie sans doute un peu tout cela".

"Mais Stéphanie est une femme remarquable, réagit un de ses proches. Elle veut tellement rendre ce que l’arbitrage lui a donné. Elle ne sait pas dire non. Elle s’est un peu usée".

"Beaucoup sont ravis de ne pas la voir retenue"

Même si les notes finales et donc le classement final des arbitres ne seront établis que fin mai ou début juin, Frappart devrait perdre une ou deux places au classement des arbitres d’élite français. Certaines sources estiment qu’elle sera tout de même dans le top 5.

Ses performances en Ligue Europa n’ont en tout cas pas été jugées suffisantes par l’UEFA. Sur chaque match européen, un observateur de la commission européenne des arbitres évalue l’arbitre et fait remonter son rapport à Rosetti. Mais un autre aspect joue également beaucoup dans ce type de nomination.

"C’est de la politique!", s’insurge une source proche des arbitres français.

"Vous remarquerez que sur les dernières compétitions internationales, il n’y a plus d’arbitres femmes pour diriger les hommes. C’est parce que les arbitres hommes sont jaloux et ne supportent pas que des femmes prennent leur place". Un phénomène aussi présent en France où la réussite et la notoriété rapide de Frappart ont fait grincer des dents. "Je peux vous assurer qu’il y en a beaucoup qui sont ravis de ne pas la voir retenue pour l’Euro", poursuit cette source. "En même temps, depuis quatre ans, elle est à bloc. Une coupure cet été va lui faire le plus grand bien".

Malgré la déception, la FFF préfère regarder vers l’avenir avec la création de la nouvelle Ligue féminine professionnelle qui sera présentée lundi 29 avril. Plus de 1400 jeunes femmes ont déjà été retenues pour suivre une formation d’arbitre afin d’évoluer au sein des différentes divisions de cette Ligue. Une augmentation de 12,5%, qui montre l’attractivité de l’arbitrage féminin. Même si on ne la verra pas sur les pelouses allemandes cet été, Stéphanie Frappart n’y est sans doute pas pour rien.

Article original publié sur RMC Sport