La CPI stoppe son enquête au Darfour faute de soutien de l'Onu

NATIONS UNIES (Reuters) - La procureure de la Cour pénale internationale (CPI) a annoncé vendredi qu'elle interrompait l'enquête en cours sur les crimes de guerre commis dans la région du Darfour au Soudan en raison d'un manque de soutien du Conseil de sécurité de l'Onu pour parvenir à des arrestations. La juridiction installée à La Haye a inculpé en 2009 le président soudanais Omar Hassan al Béchir pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide. Elle a également engagé des poursuites contre le ministre soudanais de la Défense Abdel Raheem Muhammad Hussein, l'ancien ministre de l'Intérieur Ahmed Haroun et contre le chef de la milice janjawid, Ali Kushayb. La CPI avait informé en 2010 le Conseil de sécurité de l'absence de coopération du Soudan. La juridiction faisait remarquer que le Kenya, Djibouti, la République démocratique du Congo mais également le Tchad n'avaient pas procédé à l'arrestation de Béchir lorsqu'il s'était rendu en visite dans ces pays. La procureure Fatou Bensouda explique que, compte tenu des ressources limitées de la CPI et de "l'absence de directives du conseil sur ce qui devrait être fait au Darfour", elle n'a pas "d'autre choix que de mettre en sommeil les investigations (...) pour allouer des ressources à d'autres affaires urgentes, en particulier celles pour lesquelles un procès est proche". C'est la vingtième fois que le Conseil de sécurité de l'Onu est informé par la CPI de la situation au Darfour qui, selon Fatou Bensouda, continue de se détériorer. Une initiative du Conseil de sécurité paraît peu probable en raison du veto qu'opposerait la Chine qui protège les intérêts du gouvernement au pouvoir à Khartoum. La Chine s'était abstenue lors d'un vote du conseil en 2005 autorisant la CPI à enquêter sur le Darfour et avait fait part de ses "sévères réserves" concernant les charges retenues contre Béchir. "Nous nous trouvons dans une impasse qui ne peut qu'encourager les auteurs de violences à poursuivre leurs brutalités", a déploré Fatou Bensouda. (Michelle Nichols; Pierre Sérisier pour le service français)