L’intersectionnalité, une question politique brûlante aux États-Unis
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Dans les années 2010, l’intersectionnalité a quitté sa tour d’ivoire et s’est retrouvée sous le feu des conflits idéologiques
Lorsque le College Board [association dont le but est d’élargir l’accès aux études supérieures] a semblé vouloir modifier son programme d’études africaines-américaines, en réaction aux objections des autorités chargées de l’éducation dans l’État de Floride, le débat politique sur l’intersectionnalité est revenu sur le devant de la scène.
Le curriculum [projet pédagogique] du College Board faisait mention du terme à huit reprises, ce qui portait à croire que la notion y tenait une place importante.
Pour le gouverneur de Floride, Ron DeSantis [candidat à la primaire du Parti républicain pour la présidentielle de 2024], c’est l’une des raisons pour lesquelles l’État a retoqué ce cours : “Ils ont des trucs sur l’intersectionnalité… C’est un programme politique.”
Le terme “intersectionnalité” a été inventé en 1989 par la professeure de droit Kimberlé Crenshaw, qui en a développé la théorie. Dans son article “Démarginaliser l’intersection de la race et du sexe”, elle étudie comment le système juridique américain, la théorie féministe et les politiques antiracismes ont toutes “tendance à traiter la race et le genre comme deux catégories d’expérience et d’analyse mutuellement exclusives”.
Une double discrimination
Grossièrement résumé, son raisonnement affirme que, dans la société américaine, on considère généralement que les victimes du racisme sont les hommes noirs, tandis que celles du sexisme sont les femmes blanches.