L’interdiction des vols intérieurs jugée trop limitée, Clément Beaune se justifie

Comment Clément Beaune justifie les restrictions très, très limitées sur les vols intérieurs
Comment Clément Beaune justifie les restrictions très, très limitées sur les vols intérieurs

TRANSPORTS - Un premier (petit) pas avant d’autres. C’est la promesse du gouvernement qui a l’intention de durcir la règle qui interdit certains vols intérieurs, assure le ministre du Transports Clément Beaune. Car la mesure, officiellement entrée en vigueur mardi 23 mai, est très loin de satisfaire les écologistes qui estiment sa portée beaucoup trop limitée.

L’interdiction des vols intérieurs courts en cas d’alternative, « avec un service satisfaisant », par le train en moins de 2 heures 30 a été vantée par le gouvernement et par le président de la République lui-même. La France est « le seul pays en Europe » à le mettre en place, répète le ministre des Transports sur franceinfo ce jeudi 25 mai. Il détaille en précisant que « le système a été conçu pour interdire très concrètement trois lignes » : vers Nantes, Lyon et Bordeaux, au départ de l’aéroport de Paris Orly.

Trois lignes et puis c’est tout ? Cette législation française, aussi unique soit-elle, est jugée insuffisante. En réaction aux tweets ministériels, certains internautes ont partagé des captures montrant des billets d’avion malgré une alternative en train. Y compris sur un vol Paris Roissy-Nantes, comme le montre la députée écologiste Marie-Charlotte Garin.

« Pour Roissy, il y a un système qui est particulier parce que vous avez parfois besoin de prendre une correspondance », répond Clément Beaune sur franceinfo. Dit plus clairement : les vols intérieurs au départ et à destination de l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulles ne rentrent pas dans le dispositif car le gouvernement a inclus dans le calcul des 2h30 maximum le temps nécessaire pour rejoindre la capitale depuis l’aéroport.

« On assume que pour les correspondances à l’aéroport international français principal de Roissy, on ne casse pas aujourd’hui ces liaisons aériennes car des villes comme Lyon et Bordeaux ont des besoins pour leur développement économique. Vous n’avez pas les grandes entreprises qui s’y implantent si vous n’êtes pas connectés à Roissy », fait valoir le ministre.

Pas d’engagement sur les trajets de 4 heures

Avec cette mesure, le gouvernement en profite aussi pour vanter sa méthode. L’interdiction des vols intérieurs courts faisait partie des propositions de la Convention citoyenne sur le climat et la concrétiser donne à l’exécutif une occasion de répondre à ceux qui estiment que les réflexions n’ont pas été suffisamment exploitées.

Sauf que... la Convention citoyenne pour le Climat proposait l’interdiction des vols dès qu’une alternative de 4 heures en train existait. En limitant la durée du trajet en train à 2h30 et en y ajoutant des spécificités de calcul comme c’est le cas pour Roissy, le gouvernement a considérablement réduit l’impact de la mesure. Au final, les vols concernés ne représentent que 5 000 trajets sur près de 200 000 par an pour une baisse des émissions de CO2 de 0,01 % du total des émissions françaises, comme le précisent Les Décodeurs du Monde.

« Je le dis, on ira plus loin», a déclaré Clément Beaune sur Franceinfo. La liste des vols intérieurs courts interdits « va être revue deux fois par an pour regarder si l’offre ferroviaire s’améliore », a-t-il relevé, notant que le texte était valable pour trois ans. « Ma responsabilité de ministre des Transports, c’est justement d’améliorer les connexions ferroviaires pour que de plus en plus, cette règle des 2 heures 30 aboutisse à fermer des lignes aériennes », a remarqué le ministre. « Peut-être qu’on durcira progressivement aussi cette règle des 2 heures 30 pour l’amener vers par exemple 3 heures », a-t-il souligné.

Concrètement, peu de liaisons seraient concernées par un passage à trois heures : éventuellement Paris-Mulhouse (2h43 en TGV), mais cet aéroport est franco-suisse et dessert aussi Bâle ; et peut-être Paris-Limoges, quand la ligne ferroviaire sera rénovée.

Interrogé sur le seuil de 4 heures préconisé par la Convention citoyenne pour le climat, il a répondu : « C’est possible, mais il faut développer le ferroviaire en parallèle », citant l’achat de TGV supplémentaires et le projet de construction d’une ligne à grande vitesse entre Bordeaux et Toulouse. En attendant, n’oubliez pas de co-voiturer.

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