L’homme qui voulait sauver la musique afghane

Réfugié afghan installé à Peshawar, Mohammed Hasan Zamri reçoit souvent la visite de fans de musique afghane venus de Kaboul ou de Jalalabad, de l’autre côté de la frontière. Ils sont prêts à lui offrir des milliers de roupies [1 000 roupies valent 3,4 euros] en échange d’une seule de ses cassettes audio. Mais Hasan refuse à chaque fois.

Il s’est donné pour mission de copier – et peut-être un jour, de numériser – le bon millier de cassettes de sa collection de musique afghane de tous styles. Certaines sont très anciennes et extrêmement rares. C’est sa contribution à la préservation d’une culture musicale née en des temps immémoriaux, bien avant l’apparition des talibans.

Depuis qu’ils ont repris le contrôle du pays en 2021, les talibans ont imposé leur interprétation rigoriste du Coran, restreignant voire criminalisant les arts, dont la musique. En juillet dernier, ils se sont livrés à un autodafé d’instruments de musique “illégaux” qui avaient été confisqués par la police, afin de rappeler aux Afghans que la vente de ces objets constitue un délit et est donc punissable. Hasan Zamri explique :

“Les talibans utilisent la religion comme excuse pour interdire la musique en affirmant qu’elle est ‘haram’, c’est-à-dire interdite par l’islam. Ce n’est pas vrai. La musique fait partie de notre culture depuis des siècles. Cette interdiction n’a aucun sens.”

Hasan Zamri a fui l’Afghanistan pendant l’occupation soviétique [qui a commencé en 1979]. Il y est retourné après la fin de la guerre [en 1989] pour y vivre à nouveau quelques années, au moment où les talibans s’emparaient progressivement du pouvoir. Il est reparti en 1996 [après qu’ils ont pris Kaboul], pour s’installer à Peshawar, comme réparateur de magnétophones et de téléviseurs.

Musiciens mythiques

Dans son minuscule atelier, presque tout l’espace est occupé par des piles de cassettes soigneusement rangées contre un mur en face de l’entrée. Sa collection inclut des enregistrements de musiciens afghans mythiques comme Munawar, Nashenas, Taj Mohammad ou Haikal.

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