“L’Europe ferme ses portes” aux immigrés

L’Union européenne sort les barbelés, en première page du journal allemand Der Tagesspiegel daté du 21 décembre. “L’Europe ferme ses portes”, écrit le quotidien berlinois qui rebondit sur le vote, mardi soir, de la loi immigration en France pour analyser la portée de ce nouvel arsenal législatif. Présentées par les gouvernements européens comme des remparts contre la montée de l’extrême droite sur le continent, ces législations pourraient plutôt apparaître comme des “signes de reddition” devant ces mouvements.

La votation en France est reliée par le titre à l’accord trouvé, mardi 7 novembre, entre l’État fédéral et les seize Länder visant à durcir sensiblement la politique migratoire du pays. Un marché prévoyant une réduction des aides aux demandeurs d’asile, une augmentation du temps de détention préalable à une expulsion, ou encore l’accélération de l’examen des demandes déposées auprès des administrations.

Au niveau communautaire, le tour de vis se fait aussi sentir aussi avec l’accord trouvé le 20 décembre par les pays membres concernant la réforme du système migratoire de l’Union. Un texte déjà critiqué pour sa trop grande dureté aux yeux de certains. Pour le journal de gauche, aucun doute, “le continent cherche à se replier sur lui-même”.

Alors, comment expliquer ce durcissement dans un espace qui se veut ouvert sur le monde ? Le titre met en avant la montée des mouvements populistes d’extrême droite dans l’Union européenne et la volonté des gouvernements plus modérés de leur damer le pion sur leur sujet de prédilection.

Déresponsabilisation des gouvernants

La logique, ici appliquée à l’Allemagne, est la suivante : “Avec moins de migrants, le système de demande d’asile ne serait plus saturé, les communes cesseraient de se plaindre, l’opinion publique saluerait l’efficacité des responsables politiques, et l’AfD [Alternative für Deutschland, parti d’extrême droite] finirait par baisser dans les sondages. La logique semble imparable.”

Mais cette “stratégie est risquée”. Notamment si la classe politique, “en imputant la percée de l’extrême droite à la seule crise migratoire”, oublie une partie de ses responsabilités dans les mesures prises lorsqu’elle gouverne. Et elle alimente les procès en déconnexion, lorsqu’elle dénie “aux citoyens le droit à une colère légitime, dépassant le simple racisme de bas étage”.

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