L’escalier Selarón, nouveau must touristique carioca

Il y a déjà quelque temps, à la fin d’une longue promenade dans le centre de Rio, entre églises baroques et musées modernes, favela “gentrifiée” et souk à la carioca, bord de baie et chaos urbain, mes amis français m’interpellent : “C’est super, mais on voudrait absolument voir l’escalier Selarón !” Je suis étonné : comment cette curiosité carioca peut-elle être si connue et valorisée de l’autre côté de l’Atlantique ? Je comprends vite que c’est un effet des réseaux sociaux, dont il est devenu une vedette.

Santa Teresa et Lapa

Cet escalier est l’un des nombreux escaliers permettant d’accéder au quartier de Santa Teresa, construit sur une colline bien escarpée. Ce quartier fut autrefois très valorisé, très chic, et il en reste quelques somptueuses maisons entourées de jardins tropicaux. Aujourd’hui, c’est un quartier de bobos cariocas, d’étrangers et surtout d’artistes. C’est le quartier de Rio préféré des Français ! Cet escalier, qui y mène, démarre d’une rue du quartier de Lapa, quartier de la bohème carioca, à l’intense activité nocturne, entre restaurants, bars et surtout clubs de samba fort réputés. Ce sont un peu la butte Montmartre et le Pigalle de Rio.

“Escadaria Selarón”

Le coin de cet escalier est quelque peu délabré, abandonné ; c’est un point connu du trafic de drogue du quartier. Du coup, il n’est pas entretenu, il est en mauvais état. L’artiste chilien Jorge Selarón habite en rebord de l’escalier : il s’est installé à Rio après un grand tour du monde. En 1990, il décide de remettre en état les marches devant chez lui, non pas avec du ciment mais avec des carreaux de céramiques colorés, les fameux et traditionnels azulejos portugais.

C’est le début d’une étonnante histoire. Selarón se passionne pour ce projet, qu’il étend progressivement aux 125 marches de l’escalier. Au début, il privilégie les couleurs jaunes, vertes et bleues, en hommage au Brésil, puis passe au rouge de son pays natal. Il a peu de ressources et la plupart des azulejos sont récupérés sur des chantiers. Progressivement les visiteurs, qui commencent à affluer du monde entier, lui offrent de nouveaux carreaux avec des thèmes les plus variés qui soient ! Selarón ne cesse de faire évoluer son escalier, qui devient une œuvre collective “in progress” et un grand patchwork international.

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