L’asthme d’orage : quel est ce drôle de phénomène qui a rempli les urgences d’Île-de-France ?

L’asthme d’orage, une crise d’asthme qui s’aggrave après l’orage.
L’asthme d’orage, une crise d’asthme qui s’aggrave après l’orage.

ASTHME - Les orages ont aussi un impact sur notre santé. Ce samedi 10 et dimanche 11 juin, les consultations pour crises d’asthme se sont multipliées par « dix » dans les hôpitaux d’Île-de-France, rapporte France Bleu. Ce pic de patients en proie à des difficultés respiratoires inhabituelles serait dû aux orages exceptionnels qui se sont abattus sur la région le week-end dernier.

Ce sont les chefs de service d’urgence de certains hôpitaux de Paris qui ont lancé l’alerte sur les réseaux sociaux. Maxime Gautier, urgentiste à l’hôpital Simone Veil à Eaubonne dans le Val-d’Oise, a expliqué dans un tweet avoir constaté un « pic exceptionnel » de personnes admises au service d’accueil des urgences avec « 245 patients dont 42 pour motif dyspnée ou allergie ».

Même constat pour l’urgentiste à l’hôpital Saint-Antoine dans le XIIe arrondissement de Paris, Jennifer Sobotka, qui a décrit sur Twitter sa nuit de garde du 11 au 12 juin : « asthme, asthme, asthme, asthme… on refait le plein de bronchodilatateurs et on crée une zone aérosols au SAU SAT. »

À l’origine de ce phénomène exceptionnel, appelé « asthme d’orage », un épisode orageux inhabituel qui a touché les personnes allergiques au pollen. Mais concrètement, comment l’expliquer ?

Éternuements, difficultés respiratoires…

Selon un article de l’école de médecine de l’université d’Harvard, l’asthme d’orage est « une crise d’asthme qui commence ou s’aggrave après un orage. Ce phénomène peut survenir chez toute personne souffrant d’asthme, mais il affecte le plus souvent les personnes atteintes de rhinite allergique saisonnière, que beaucoup de gens connaissent sous le nom de rhume des foins ou d’allergies ».

Plusieurs symptômes en sont à l’origine : le nez qui coule, éternuements, les yeux qui piquent, des difficultés respiratoires ou encore l’aggravation des allergies saisonnières.

Les raisons de ce phénomène sont elles aussi multiples. Concrètement, cela dépend d’un enchaînement d’événements exceptionnels. « Les facteurs météorologiques habituellement mis en cause combinent des pluies importantes, des charges électriques dans l’atmosphère liées à l’orage, et des rafales de vent », explique Santé Publique France.

Le vent emporte le pollen dans les nuages où l’humidité y est élevée. La foudre vient ensuite fragmenter ces particules à une taille minime qui peut facilement pénétrer dans le nez puis les sinus et les poumons. Les rafales de vent viennent, elles, concentrer ces petites particules, si bien que de grandes quantités peuvent être inhalées.

Face au pic de cas enregistrés le week-end dernier, l’Agence régionale de santé (ARS) d’Île-de-France a recommandé dimanche sur Twitter « aux personnes asthmatiques, allergiques ou avec des pathologies respiratoires d’éviter les déplacements ou les efforts physiques » face à « la forte poussée de consultations d’urgence pour crises d’asthme »

Un cas non isolé

Mais ce phénomène n’est pas unique. En 2013, c’était la ville de Nantes qui avait été touchée par un événement similaire, avec un pic soudain de patients pour des crises d’asthme. D’après Santé publique France, « du 7 au 10 juin [2013, ndlr], 152 appels pour crises d’asthme ont été enregistrés versus 27 les quatre jours précédents ».

Même constat relevé par le Réseau National de Surveillance Aérobiologique (RNSA) qui notait qu’entre le 7 et le 8 juin 2013, un pic de crises d’asthme exceptionnel avait été enregistré à minuit, trois heures après une forte hausse de la vitesse moyenne du vent et pendant un orage. À noter que selon le même organisme, la quasi-totalité de l’Hexagone est actuellement en alerte rouge pour risque d’allergies au pollen.

Ce phénomène d’« asthme d’orage » pourrait devenir de plus en plus récurrent. Si, comme l’a affirmé Nicolas Visez, président du (RNSA), au Figaro, «  le vent, l’humidité, l’eau et peut-être le champ électrique de l’orage sont impliqués » dans ces pics d’asthme d’orage, reste à vérifier que « le changement climatique peut [aussi] avoir un impact ».

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