L’Assemblée nationale vit ses premiers psychodrames avant même sa vraie rentrée sur fond de réforme du RSA

POLITIQUE - Une bande-annonce riche en promesses. L’Assemblée nationale reprend peu à peu ses travaux en commission avant le début officiel de la session extraordinaire prévue pour ce lundi 25 septembre, et le coup d’envoi des débats dans l’hémicycle l’après-midi même. Des discussions en petit comité pour l’instant… Mais qui débouchent, déjà, sur des passes d’armes virulentes.

Tard dans la nuit de mercredi à jeudi, les députés de la NUPES et des Républicains ont décidé de boycotter la fin des travaux de la commission des affaires sociales qui discutait du texte gouvernemental sur le travail et la réforme du RSA. Quelques heures avant, ce sont les représentants des syndicats des enseignants - soutenus par les parlementaires de gauche - qui s’indignaient du ton moralisateur utilisé à leur endroit en quittant, eux aussi, une réunion avec des députés de divers horizons.

Et comme précédemment au Palais Bourbon, les rôles dans ces psychodrames semblent bien définis : le camp présidentiel est accusé par l’opposition de mépriser et de contraindre les discussions.

« Des conditions d’exercice et d’examen inacceptables »

Signe que les choses sérieuses (re)commencent à l’Assemblée : le socialiste Arthur Delaporte a repris ses vidéos où il déambule dans les couloirs du Palais Bourbon pour décrypter les événements à sa manière. Mercredi soir, l’ambiance a tourné lorsque Charlotte Parmentier-Lecocq, présidente Renaissance de la commission des affaires sociales, a décidé de poursuivre les débats sur le projet de loi dit « pour le plein-emploi » après minuit.

Au micro, Arthur Delaporte a critiqué des « discussions pathétiques » avant de claquer la porte, laissant les députés de la majorité seuls avec ceux du Rassemblement national. « Découragés de voir leur travail sur des sujets essentiels (handicap, petite enfance) examiné entre 1 et 4 heures du matin », les députés de la NUPES « ont refusé de participer à cette mascarade de débat », a ensuite précisé le socialiste sur les réseaux sociaux. Les représentants des Républicains ont eux aussi quitté la séance, à l’image de Philippe Juvin.

Dans la foulée, l’insoumis Hadrien Clouet a dénoncé « des conditions d’exercice et d’examen inacceptables » dans une vidéo où plusieurs élus de la coalition des partis de gauche à l’Assemblée apparaissent. « Ce que l’on nous proposait ce soir c’était de finir le texte coûte que coûte », y déplore l’écologiste Marie Charlotte Garin, aux côtés d’Arthur Delaporte (PS) ou de Danielle Simonnet (LFI). Un boycott qui n’a pas empêché le vote positif de la commission sur le fameux projet de loi, et donc de la réforme - décriée - du RSA.

Ambiance houleuse avec les syndicats de profs

Quelques heures plus tôt, c’est en commission des affaires culturelles que les esprits s’étaient échauffés. Reçus par les députés pour une table ronde sur la rentrée scolaire, les représentants des syndicats d’enseignants ont quitté les discussions après les réquisitoires sévères du camp présidentiel ou du Rassemblement national.

La députée Renaissance Véronique Riotton, par exemple, a bien peu goûté les critiques de ces syndicalistes sur la « surcommunication » de Gabriel Attal qui cacherait, selon eux, les réelles difficultés tenaces de l’Éducation nationale. L’élue a déploré un « ton caricatural », qui « n’honore pas le corps professoral que vous êtes censés représenter. » Réponse de Sophie Vénétitay du Snes-FSU : « Vous méprisez les organisations syndicales, les personnels et la démocratie. »

Mais c’est finalement la prise de parole d’un élu du Rassemblement national qui demandait à ses interlocuteurs de « baisser d’un ton » et de « se mettre au niveau » qui a fini de mettre le feu aux poudres. « Je pense que nos hôtes n’ont pas compris où ils sont ni à qui ils s’adressent », a ainsi lancé Roger Chudeau, dans une intervention offensive, sinon méprisante. Une tirade qui a provoqué le départ des responsables syndicaux, et la fin de la table ronde dans une ambiance houleuse. De quoi donner le ton des semaines à venir.

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