L’appli Epik génère de drôles de fausses photos de classe des années 90, mais ce n’est pas sans risque

Sur le Play Store, le magasin d’application de Google, l’application affiche déjà plus de 50 millions de téléchargements.
instagram @keke Sur le Play Store, le magasin d’application de Google, l’application affiche déjà plus de 50 millions de téléchargements.

CYBER - Vous avez toujours rêvé de voir votre photo apparaître dans un « yearbook », un annuaire à l’américaine, faisant figurer le portrait de chaque élève ? « Yearbook AI », une intelligence artificielle, permet de donner un air vintage à votre photo et de la faire plonger dans les années 90, à l’époque des Backstreet Boys et des Spice Girls.

À l’image de Faceapp, qui permettait de s’imaginer vieux, ou des filtres Snapchat masculin/féminin, l’application EPIK - AI Photo Editor, filiale d’une entreprise sud-coréenne qui s’appelle Snow Corporation, permet de générer à partir de 8 à 12 de vos propres photos une soixantaine d’images avec des tenues et coiffures inspirées des années 1990.

Le résultat semble plaire à un grand nombre d’utilisateurs. L’application, payante, arrive au top des plus populaires de l’App Store d’Apple dans la catégorie Photos et vidéos et sur le Play Store de Google, elle a déjà été téléchargée plus de 50 millions de fois. Un succès qui se vérifie aussi chez certaines personnalités, qui se sont prêtées au jeu, comme le youtubeur Gastronogeek ou les actrices Keke Palmer et Laura Felpin.

« Ils collectent absolument tout »

Sauf qu’il y a un hic, comme dans d’autres applications de ce type : la sécurité. Pour générer des images, l’outil utilise la technologie de reconnaissance faciale et récolte ainsi des données biométriques et de nombreuses autres informations. Quant à la politique de confidentialité de l’appli, elle fournit très peu d’information et de garantie en matière de renseignements personnels.

« Ils collectent absolument tout, même des informations sur les autres photos que tu as sur ton téléphone », indique auprès de Radio Canada Luc Lefebvre, spécialiste en cybersécurité, qui précise que l’application a été développée en Asie, où les lois qui encadrent les données biométriques sont pratiquement inexistantes.

Autre paramètre problématique : la tendance suscite des critiques sur les réseaux sociaux, dans un contexte où les acteurs et les actrices aux États-Unis sont en grève depuis le début de juin, en raison, entre autres, de crainte de suppressions d’emplois liées à l’émergence des IA.

Dans un post sur X (ex-Twitter), la scénariste et prod Franchesca Ramsey a exhorté les gens à cesser de l’utiliser, car les selfies peuvent être utilisés pour former des programmes d’IA à l’avenir. « Les gens qui paient pour former l’IA avec leurs photos, c’est... mal. Il y a de sérieux problèmes juridiques et éthiques. L’IA plagie les artistes et met activement les gens au chômage. Les gens font circuler de fausses images pour tromper les gens et la technologie s’améliore grâce à votre mode des photos de lycée », écrit-elle.

Caroline Renard, scénariste et réalisatrice de télévision et de cinéma, a également publié sur X (ex-Twitter) : « Nous ne serons jamais libres. On fait des grèves et on essaie de lutter contre la technologie de l’IA et vous, vous faites des conneries comme ça. »

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