L’appel de la forêt d’Anneli Jordahl

Le père disparu, la meute quitte la ferme pour vivre dans une cabane à plus de 150 kilomètres de la première âme.  - Credit:Imagebroker.com/Coll. Christophel
Le père disparu, la meute quitte la ferme pour vivre dans une cabane à plus de 150 kilomètres de la première âme. - Credit:Imagebroker.com/Coll. Christophel

Elles sont sept. Sept filles nées au fond des bois de Finlande, élevées par un père chasseur d'ours néandertalien et une mère violente, dans la haine des hommes et de la civilisation. Sept guerrières aux crinières rousses et à l'odeur « âcre et tenace de sève de pin, de sueur et de sexe pas lavé », écrit Anneli Jordahl, qui passent leurs journées à fumer, se saouler de bière noire, se baigner nues dans les lacs gelés, se goinfrer du gibier chassé et se filer des raclées.

Sept sœurs, légèrement plus débauchées que celles du docteur March, mais au moins aussi inadaptées au monde que celles de Jeffrey Eugenides. Une de ces nuits où « le vent hurlait et la lune ressemblait à une faucille de glace emballée de tulle », leur « Captain Fantastic » de père ne rentre pas de la chasse. Avec lui disparaît le seul être humain qu'elles respectaient.

À mi-chemin

La meute quitte la ferme pour vivre « à la radicale », dans une cabane à plus de 150 kilomètres de la première âme. Sauf que la nature est colossale, inhumaine, supérieure. Et, même en poussant le volume de la sauvagerie à fond, elles ont froid, faim, mal, les « pussy riot » des forêts profondes. « Les gens sont si lisses par les temps qui courent. On a l'impression de voir des robots qui répètent sans arrêt “Ah ! C'est formidable !” Hein ? Pourquoi disent-ils ça ? Il n'y a pas grand-chose de formidable dans ce monde, n'est-ce pas ? » Il y en a une en tout cas, c'est ce premier roman sans compromission, féroce et se [...] Lire la suite