L’affaire Armita en Iran, un an après la mort de Mahsa Amini, relance les accusations contre la police des mœurs

Une adolescente kurde de 16 ans a été arrếtée dimanche 1er octobre, dans le métro à Téhéran, par la police de moeurs car elle ne portait pas de voile, affirment plusieurs ONG. (photo d’illustration Mahsa Amini)
Don Arnold / Getty Images Une adolescente kurde de 16 ans a été arrếtée dimanche 1er octobre, dans le métro à Téhéran, par la police de moeurs car elle ne portait pas de voile, affirment plusieurs ONG. (photo d’illustration Mahsa Amini)

INTERNATIONAL - L’affaire tombe au plus mal alors que la militante Narges Mohammadi vient d’être auréolée du prix Nobel de la paix ce vendredi 6 octobre pour « son combat contre l’oppression des femmes en Iran ».

Une adolescente iranienne de 16 ans, Armita Garavand, est tombée dans le coma dimanche dans le métro de Téhéran après avoir perdu connaissance, selon le régime iranien. Mais plusieurs ONG affirment que la jeune femme Kurde a été grièvement blessée par la police des mœurs, car elle ne portait pas de voile.

Que sait-on de l’agression supposée d’Armita Garavand ? Dans quel état de santé se trouve-t-elle actuellement ? Pourquoi certaines ONG font un parallèle avec la mort Mahsa Amini, arrêtée il y a un an par la police des mœurs pour un voile mal ajusté ? Le HuffPost fait le point.

La police des mœurs en cause ?

Dimanche 1er octobre, Armita Garavand entre, sans voile, dans un wagon de métro à Téhéran, selon les images de vidéosurveillance, que franceinfo a pu consulter. On la voit ressortir sur le quai quelques secondes plus tard, inanimée.

L’agence de presse officielle iranienne Irna a affirmé lundi que l’adolescente s’était évanouie après une « chute de tension ». Quant au directeur général du métro de Téhéran, Masood Dorosti, il a nié toute « altercation verbale ou physique » entre l’adolescente « et des passagers ou des cadres du métro ».

Mais plusieurs associations, dont l’ONG Hengaw qui défend les droits des Kurdes d’Iran, affirment que Armita Garawand a été grièvement blessée par la police des mœurs, chargée de faire appliquer l’obligation pour les Iraniennes de porter le voile en public. Face au refus de la jeune femme de mettre son hijab, « un des agents l’a poussée et sa tête a violemment heurté le sol », a raconté un représentant de l’ONG au Point.

Hospitalisée « sous haute surveillance »

L’adolescente est soignée à l’hôpital Fajr, à Téhéran, au sein d’une unité placée sous haute sécurité. Les opposants au régime affirment que le gouvernement contrôle les téléphones de sa famille.

Sa mère, Shahin Ahmadi, a été forcée de tenir une interview aux médias d’État iraniens pour corroborer la version de l’accident donné par le gouvernement, selon l’ONG Hengaw. Elle a ensuite été arrêtée après avoir protesté contre les restrictions aux visites à l’hôpital.

Lundi, une journaliste iranienne, Maryam Lotfi, a, elle aussi, été brièvement arrêtée à Téhéran après s’être rendue à l’hôpital pour enquêter sur l’état de santé de la jeune fille.

L’ombre de la mort de Mahsa Amini

Cette affaire comporte de nombreuses similitudes avec l’arrestation, le 16 septembre 2022, de Mahsa Amini. Cette Kurde de 22 ans est décédée quelques jours après son arrestation par la police des mœurs pour avoir prétendument mal positionné son voile. Son décès avait déclenché des protestations monstres pendant plusieurs mois dans le pays.

Un an plus tard, l’émoi suscité par la mort de Mahsa Amini reste important, et Téhéran craint que le cas Armita Garavand ne vienne réveiller la vague de contestations. La fronde s’organise sur les réseaux sociaux ; Des images, non authentifiées, montrent la jeune fille de 16 ans, inerte sur le quai du métro, ou entubée à l’hôpital.

Téhéran fustige les inquiétudes occidentales

À l’étranger aussi, les premières inquiétudes se font entendre. La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a jugé « intolérable » qu’une jeune femme « se batte à nouveau pour sa vie », pour ne pas voir porté le voile. De son côté, l’envoyé spécial américain pour l’Iran, Abram Paley, a affirmé que Washington était « choqué et inquiet ». Téhéran a fustigé jeudi ces propos « interventionnistes ».

Le régime iranien n’a pas infléchi ses lois sur le voile islamique depuis la mort de Mahsa Amini. Pire, il a durci ses positions en approuvant en septembre un projet de loi punissant les jeunes femmes refusant de le porter, avec des sanctions pouvant aller jusqu’à dix ans de prison.

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