« L’État secret met en place des espaces clandestins où il dispose d’une autonomie totale »

Sébastien-Yves Laurent publie chez Nouveau Monde en édition de poche augmentée Le Secret de l’État - Surveiller, protéger, informer. XVIIe-XXe siècle .  - Credit:arthurpequin.com
Sébastien-Yves Laurent publie chez Nouveau Monde en édition de poche augmentée Le Secret de l’État - Surveiller, protéger, informer. XVIIe-XXe siècle . - Credit:arthurpequin.com

Sébastien-Yves Laurent est professeur des universités à la faculté de droit et science politique de Bordeaux, directeur de l'institut de recherche Montesquieu. Spécialiste des questions de sécurité internationale et de renseignement, il est membre du comité de rédaction de la nouvelle revue Études françaises de renseignement et de cyber. Il publie chez Nouveau Monde* en édition de poche augmentée Le Secret de l'État – Surveiller, protéger, informer XVIIe-XXe siècle. Entretien.

Le Point : On parle souvent de secrets d'État. Quelle différence faites-vous avec le secret « de l'État » ?

Sébastien-Yves Laurent : La terminologie est importante, car le simple fait de parler de l'État alimente les fantasmes. Et c'est la même chose quand on évoque le secret. Alors la combinaison des deux déclenche un puissant imaginaire ! Le terme « secret d'État » évoque des secrets particuliers relatifs à des actions de l'État ou à des individus dépendant de lui. Or, le secret possède une double dimension, bien définie par le philosophe allemand Georg Simmel. Pour lui, le secret est une information dont on ne dispose pas, mais surtout il explique que le secret est une organisation. J'utilise Simmel pour étudier le secret social de l'État pour un livre que je termine en ce moment pour Éric Vigne et qui s'appelle Le Secret de l'État dans les démocraties néo-libérales.

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