Législatives 2024 : Jordan Bardella promet un « big bang » à l’école, qui n’en est pas vraiment un

Détaillant son programme pour les législatives, le président du RN a promis que « le vouvoiement des enseignants » deviendrait obligatoire.
Détaillant son programme pour les législatives, le président du RN a promis que « le vouvoiement des enseignants » deviendrait obligatoire.

ÉCOLE - « Un big bang de l’autorité à l’école » qui a des airs de déjà-vu. Ce lundi 24 juin, lors d’une conférence de presse à Paris, Jordan Bardella, chef de file du RN pour les législatives, a dévoilé son programme. L’occasion d’annoncer quelques mesures pour l’éducation qu’il souhaite voir appliquées « dès la rentrée de septembre », mais aussi de prôner une « école de l’exigence », aux accents pas si éloignés de la politique du gouvernement actuel.

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Parmi les « chantiers centraux » annoncés par Jordan Bardella, un chapitre était consacré au « redressement de l’école ». « Je souhaite que la France se dote d’une école de l’exigence, a-t-il soutenu, qui remettra la transmission du savoir au centre de tout, qui remettra la maîtrise des savoirs fondamentaux à l’école primaire notamment, qui rendra aux professeurs leur autorité, leur valeur et leur prestige. »

Des formulations qui ne sont pas sans rappeler le « sursaut d’autorité » invoqué par Gabriel Attal avant les élections européennes. Dans cette perspective, le Premier ministre avait notamment exigé que les élèves se lèvent à l’arrivée d’un enseignant. Pour Jordan Bardella, cela passerait notamment par le « vouvoiement obligatoire » des professeurs.

« Des zones de sobriété numérique »

Jordan Bardella s’est engagé à mettre un terme « à l’idéologie du pas de vague et au recul de la République dans ses propres institutions », assurant que l’État soutiendra « systématiquement » les enseignants, avec l’instauration de « peines plancher dans les conseils disciplinaires » et la création de centres spécialisés pour y accueillir « les élèves perturbateurs ou harceleurs ».

Des mesures qui font écho aux annonces répressives de Gabriel Attal en avril dernier. Le premier ministre avait notamment proposé aux parents dont l’enfant « commence à avoir de mauvaises fréquentations » qu’il soit envoyé en internat, loin de son quartier, pour « retrouver un cadre » plutôt que « de sombrer dans la spirale de la délinquance ». Il s’était ensuite rendu à Nice pour visiter l’un des établissements qui participent à une expérimentation de ce type. Il avait également proposé la mise en place de « conseils disciplinaires dès l’école primaire ».

Jordan Bardella qui dit vouloir « refaire de l’école un asile inviolable où les querelles des hommes n’entrent pas », est allé un peu plus loin que l’actuelle majorité sur les téléphones portables. Il souhaite ainsi les interdire dans tous les établissements scolaires, y compris les lycées.

La question de l’impact des écrans avait notamment été évoquée par Emmanuel Macron lui-même, lors d’une allocution au lendemain de la dissolution de l’Assemblée. Il s’était alors prononcé pour l’interdiction du téléphone « avant 11 ans » et des réseaux sociaux « avant 15 ans ». La ministre de l’Éducation nationale Nicole Belloubet s’était également dite favorable, en avril, à l’expérimentation d’une interdiction dans les collèges.

Favorable au port de l’uniforme

Jordan Bardella, dont le parti fait la course en tête des sondages, a aussi défendu la poursuite des « expérimentations du port de l’uniforme », se disant personnellement « favorable à son instauration à l’école primaire, mais aussi au collège ». Une validation de la politique d’Emmanuel Macron, qui envisageait la généralisation du port de l’uniforme dans les établissements scolaires publics à partir de 2026. Pour le moment, moins d’une centaine d’établissements volontaires seront concernés début septembre.

Le chef de file du RN pour les législatives a également promis de renouer avec l’esprit de la « loi Ciotti de 2010, abrogée par François Hollande, qui prévoit la suspension des allocations familiales et des bourses scolaires en cas de perturbations graves et répétées au sein des établissements scolaires ». Alors que Bardella a parlé de « parents démissionnaires », Gabriel Attal préférait en avril dernier l’expression « parents défaillants », pour lesquels il proposait notamment qu’ils « puissent faire l’objet de peines de travail d’intérêt général ».

Jordan Bardella a réitéré la volonté du RN de « remplacer le collège unique par un collège modulaire, qui valorise tout autant les filières générales que les filières professionnelles », pour « orienter plus tôt et plus efficacement ». Une mesure aux contours bien flous pour un programme qui se voulait détaillé.

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