L'état de forme de Djokovic et Alcaraz, le doute Nadal, des outsiders inconstants: les questions qui se posent avant Roland-Garros

L'état de forme de Djokovic et Alcaraz, le doute Nadal, des outsiders inconstants: les questions qui se posent avant Roland-Garros

Le tournoi de Roland-Garros 2024 (26 mai-9 juin) débute dans moins de deux semaines et les interrogations sont nombreuses autour des têtes d'affiche. Rafael Nadal, Novak Djokovic, Jannik Sinner et Carlos Alcaraz sont probablement les quatre joueurs les plus attendus pour ce qui est le point d'orgue de la saison sur terre battue. Tous ne sont pas certains d'être là et s'ils le sont, dans quelle forme se trouveront-ils?

Rafael Nadal: "l'ogre de l'ocre" peut-il performer dans son jardin?

Le média espagnol AS a révélé ce mercredi que Rafael Nadal devrait bien être présent cette année Porte d'Auteuil. Cette édition 2024 devrait avoir des allures de dernière danse pour le natif de Manacor qui a déjà fait ses adieux au tournoi de Madrid, chez lui, fin avril.

Vainqueur de Roland-Garros à 14 reprises, l'ancien numéro 1 mondial ne part pas favori pour un quinzième sacre cette saison. Après trois mois d'absence (dernier match le 5 janvier à Brisbane (Australie) sur dur lors d'une défaite 2-1 face à Jordan Thompson), l'Espagnol a fait son retour le 16 avril pour entamer sa saison sur terre battue à Barcelone, face à Flavio Cobolli, match lors duquel il s'est imposé 2 sets à 0.

Cette saison, sur terre battue, Rafael Nadal a disputé huit matchs sur terre battue pour un bilan de cinq victoires et trois défaites. Si le natif de Manacor reste au-dessus de nombreux joueurs sur terre battue, il n'est plus imbattable. A l'image de sa défaite sèche contre Hubert Hurkacz (9e mondial) à Rome (6-1, 6-3), "l'ogre de l'ocre" ne semble plus en capacité de dévorer le top 10 comme il pouvait le faire par le passé.

A Madrid, il a enchaîné quatre matchs, non sans mal, et son physique plus que contraignant risque de lui jouer des tours à Roland-Garros. Amélie Mauresmo, directrice de Roland-Garros, avait expliqué fin avril que l'accord du statut de tête de série à l'Espagnol n'était "pas forcément d'actualité" alors que celui-ci utilisera son classement protégé (classement qui s'applique aux joueurs et joueuses ayant été absents du circuit pendant au moins six mois à cause d’une blessure ou bien en cas de maternité) pour intégrer directement le tableau principal. Sans le statut de tête de série, Rafael Nadal sera donc exposé à la possibilité de défier rapidement un membre top 10 et donc, de mettre son physique à rude épreuve plus vite que prévu.

S'il ne faut jamais enterrer l'Espagnol à Roland-Garros, il faudrait tout de même un exploit monumental pour le voir sacré cette année à Paris.

Fin de la domination Novak Djokovic?

Depuis 2016, à Roland-Garros, Rafael Nadal a remporté cinq éditions de Roland-Garros, les trois autres fois, Novak Djokovic a été sacré à Paris. Cette année, la donne pourrait être différente. Le Serbe, recordman du nombre de titres en Grand Chelem (24 sacres), s'est incliné en demi-finale de l'Open d'Australie (tournoi qu'il avait remporté les quatre dernières fois qu'il y avait participé) face à Jannik Sinner en janvier dernier et n'a tout simplement remporté aucun tournoi cette saison.

La terre battue est probablement la surface qui réussit le moins au Serbe comme en témoigne son palmarès en Grand Chelem (10 Open d'Australie, 7 Wimbledon, 4 US Open, 3 Roland-Garros) mais il n'en reste pas moins un joueur dangereux Porte d'Auteuil. Sa demi-finale l'année passée face à Carlos Alcaraz reste en mémoire, l'Espagnol ayant craqué physiquement face à "Nole" qui s'est ensuite imposé 3 sets 0 face à Casper Ruud pour remporter son troisième sacre à Roland-Garros.

Novak Djokovic n'est pas le même en Grand Chelem et hors Grand Chelem mais cette saison plus que les autres, le Serbe semble prenable puisqu'il n'affiche pas sa sérénité habituelle. Défait en demi-finale de Monte-Carlo (2-1 face à Casper Ruud) puis au troisième tour de Rome (2-0 face à Alejandro Tabilo), il faudra un sursaut du numéro 1 mondial pour conquérir un quatrième Roland-Garros, lui qui a semblé amorphe à plusieurs reprises depuis le début de saison.

Jannik Sinner trahi par son physique?

Auteur d'un début de saison exceptionnel avec 16 victoires de rang, Jannik Sinner a remporté l'Open d'Australie en étant dominant et solide, à l'image de sa finale face à Daniil Medvedev, remporté 3 sets à 2 alors qu'il avait concédé les deux premiers sets. L'Italien n'a connu sa première défaite de la saison qu'en demi-finale d'Indian Wells face à Carlos Alcaraz (2 sets à 1).

Vainqueur de trois titres sur dur en 2024, Sinner n'a pas connu la même réussite sur terre battue. Défait en trois sets en demi-finale de Monte-Carlo face à Stefanos Tsitsipas, le numéro 2 mondial a ensuite dû déclarer forfait face à Félix Auger-Aliassime en quart de finale à Madrid en raison d'une blessure à la hanche. Cette blessure l'a empêché de disputer le Masters 1000 de Rome chez lui, cette semaine, et les nouvelles ne sont pas très bonnes quant à sa présence à Roland-Garros.

Ce mardi, La Gazzetta Dello Sport révélait que les médecins étaient réticents à l'idée que Sinner se présente Porte d'Auteuil. Présent à Turin pour passer des tests, l'Italien devrait prendre sa décision dans la semaine. S'il a évidemment envie de jouer à Roland-Garros, le manque de préparation pourrait l'empêcher d'être performant sur un format en cinq sets (en plus de ne pas être à 100%) et cette blessure à la hanche pourrait devenir chronique si elle n'était pas bien soignée.

Carlos Alcaraz, dans quel état?

Il est probablement l'un des joueurs les puissants du circuit ATP avec des coups dévastateurs mais cette puissance réclame une exigence physique énorme et Carlos Alcaraz en paie régulièrement le prix. A seulement 21 ans, l'Espagnol a déjà connu de nombreuses blessures et doit déjà se ménager.

Numéro 3 mondial, Carlos Alcaraz n'a disputé qu'un tournoi sur terre battue cette saison : le Masters 1000 de Madrid. Battu en finale par Andrey Rublev, l'Espagnol a une nouvelle fois été victime d'un avant-bras droit fragile qui l'a contraint à renoncer au tournoi de Rome cette semaine alors qu'il disputait déjà le tournoi de Madrid avec une protection au niveau de l'avant-bras.

Performant sur terre battue, le jeune espagnol aura reposé son bras pour Roland-Garros (même s'il continue de s'entraîner en Espagne actuellement) mais il n'est pas pour autant certain qu'il soit à 100% ni qu'il puisse tenir deux semaines à haute intensité. En revanche, si son physique suit, Carlos Alcaraz fera clairement partie des favoris pour décrocher son premier Grand Chelem en terre parisienne et prendre la relève de celui à qui il a souvent été comparé, Rafael Nadal.

Des favoris face au doute: qui pour en profiter?

Pour Nadal, Djokovic, Sinner et Alcaraz, des questions existent à tous les étages. Si ces quatre hommes font face au doute avant de disputer le Grand Chelem parisien, d'autres pourraient en profiter pour se montrer. Auteur d'un début de saison canon sur terre battue (10 victoires consécutives), Stefanos Tsitsipas, finaliste de Roland Garros en 2021, pourrait surfer sur sa confiance pour performer une nouvelle fois Porte d'Auteuil. Après avoir remporté le tournoi de Monte-Carlo, le Grec a enchaîné avec une finale à Barcelone, avant de se faire sortir au deuxième tour à Madrid, face à un Thiago Monteiro des grands jours. A Rome, il est toujours en lice et disputera un quart de finale face à Nicolas Jarry.

Autre homme à prendre au sérieux, Casper Ruud, finaliste de Roland-Garros en 2022 et 2023. Valeur sûre lorsqu'il évolue sur terre, le Norvégien a été en finale de Monte-Carlo et s'est imposé à Barcelone mais reste sur deux tournois moins éclatants (défaite en 8e de finale à Madrid et au deuxième tour à Rome).

L'Allemand Alexander Zverev et le Russe Andrey Rublev seront également à surveiller. Zverev, malgré des performances mitigées sur terre battue cette saison, reste sur trois demi-finales consécutives Porte d'Auteuil. Rublev, de son côté, a remporté le Masters 1000 de Madrid début mai. Mais le Russe aura comme principal obstacle le plafond de verre des quarts de finale, qu'il n'a jamais dépassé en Grand Chelem.

Article original publié sur RMC Sport