Législatives 2024 : Jordan Bardella propose un débat à Jean-Luc Mélenchon, et veut coincer la gauche

Jean-Luc Mélenchon va-t-il accepter le débat proposé par Jordan Bardella ? (Olympia de Maismont/AFP)
OLYMPIA DE MAISMONT / AFP Jean-Luc Mélenchon va-t-il accepter le débat proposé par Jordan Bardella ? (Olympia de Maismont/AFP)

POLITIQUE - A quoi ressembleront les débats politiques télévisés d’ici dimanche ? Au lendemain du premier tour des élections législatives qui ont vu le RN camp triompher, le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella a proposé ce lundi matin une joute en direct avec Jean-Luc Mélenchon.

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« Après ce premier tour, deux choix s’offrent aux Français. Je suis donc prêt à débattre avec Jean-Luc Mélenchon », a-t-il écrit sur X. Une proposition qu’il a reformulée plus tard dans la matinée, au siège du RN. « Ce pourrait être un débat projet contre projet, entre ceux qui ont vocation à devenir Premier ministre. J’appelle le Nouveau Front populaire à sortir de l’ambiguïté », a-t-il déclaré, comme vous pouvez le voir dans l’extrait ci-dessous.

Ceci alors que le prochain débat politique sur les législatives aura lieu le jeudi 4 juillet, sur France Télévisions - on ne sait pas encore si d’autres chaînes de télévision organiseront également un tel rendez-vous. Mais cet appel au débat de Jordan Bardella, en apparence banal et même normal alors que le bloc de gauche et celui d’extrême droite semblent être les deux grands gagnants de la soirée, ressemble en réalité fortement à un piège.

D’abord parce que la participation aux débats a été répartie avant le premier tour au sein du Nouveau Front populaire, et que c’est Marine Tondelier, la secrétaire nationale des Écologistes, qui est censée représenter la coalition de gauche. « Dois-je comprendre que vous n’osez pas débattre avec moi ? », lance-t-elle en direction de Jordan Bardella.

Ensuite parce que Jordan Bardella sait pertinemment que Jean-Luc Mélenchon n’est pas le leader du Nouveau Front populaire. À gauche, Olivier Faure (PS), Marine Tondelier et Fabien Roussel (PCF) n’ont cessé de rappeler tout au long de la campagne qu’il « ne serait pas Premier ministre » en cas de victoire du NFP. « S’il veut rendre service au Nouveau Front populaire, il faut qu’il se mette de côté, qu’il se taise », avait même affirmé l’ancien Président François Hollande à propos de Mélenchon.

« Monsieur Bardella a raison, il y a besoin d’un débat »

Jordan Bardella sait aussi que l’ancien candidat LFI à l’élection présidentielle, qui a recueilli 22 % des voix en 2022, fait figure d’épouvantail pour certains électeurs. Dans sa circonscription ouvrière et populaire de la Somme, François Ruffin expliquait la semaine dernière que Jean-Luc Mélenchon « est un obstacle à la victoire du Front populaire » : « Ce n’est pas un appui, c’est plutôt quelque chose qui repousse les électeurs. »

En déplacement dans le Rhône la semaine dernière, le Premier ministre Gabriel Attal avait spécifiquement ciblé Jean-Luc Mélenchon, dénonçant ses « outrances » et « des propos insupportables sur nos forces de l’ordre ». Des accusations que Jordan Bardella reprendrait forcément à son compte en cas de débat face à Jean-Luc Mélenchon.

Ce dernier a répondu sur son compte X : « Monsieur Bardella a raison, il y a besoin d’un débat entre les deux projets pour les Français. » Pour Mélenchon, Manuel Bompard, coordinateur de La France insoumise et Mathilde Panot, ancienne présidente du groupe, ou Clémence Guetté, en charge du programme, sont à ses yeux mieux placés. Quoi qu’il en soit, « le candidat du Nouveau Front Populaire pour la primature n’a pas été désigné », tranche-t-il également - à l’inverse de ce que peut dire Marine Tondelier.

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