Législatives 2024 : Alice Diop appelle à un sursaut contre le racisme et à "une réaction de combat"

La réalisatrice de "Saint Omer" a lancé une initiative dans les quartiers populaires pour mobiliser les abstentionnistes.

Alice Diop, ici au mois de septembre 2023, à Venise.

CINÉMA - « Je vais un peu mieux, mais je pars de loin. » Ces mots, ce sont ceux d’Alice Diop, réalisatrice française doublement primée à la Mostra de Venise, qui dans les colonnes de Libération, ce mardi 25 juin, a exprimé sa peur et sa colère face à la montée de l’extrême droite et du racisme en vue des élections législatives de ce dimanche.

« Il s’est passé un truc fou la veille des élections européennes, explique-t-elle à Libération. Je ne sais pas comment l’expliquer, c’est comme si j’avais senti quelque chose. Une catastrophe imminente. J’ai fait un malaise dans le métro. J’avais plus de 17 de tension. Ça ne m’était jamais arrivé avant. »

À l’issue de l’annonce de la dissolution du parlement par Emmanuel Macron, la peur l’a envahie. Elle l’a poussée à lancer avec des proches une campagne à destination des quartiers populaires pour mobiliser les abstentionnistes, sous le slogan « Nous, on vote ». « Il faut convaincre les gens autour de nous : ceux qui seront les premières cibles en cas de victoire du Rassemblement national », détaille la cinéaste originaire d’Aulnay-sous-Bois.

D’après elle, « la question du racisme n’est pas clairement posée ». « J’entends les analyses du ressort du vote Front national, il y a énormément de choses qui sont dites, et que je peux partager, des analyses qui racontent la complexité de ce vote, mais c’est quoi le dénominateur commun de tous ces gens ? C’est le racisme, c’est une vision du monde », affirme Alice Diop.

Contrairement à la metteuse en scène Ariane Mnouchkine, selon qui les « gens de la culture ont méprisé le ressenti des électeurs de l’extrême droite », la documentariste pense qu’on « ne fait que ça, les écouter ». Elle ajoute : « Par contre, est-ce qu’on écoute les effets de la contamination de la pensée raciste en France ? Au lieu de les écouter, on devrait se demander quel contre-récit leur opposer. »

La réalisatrice de Saint Omer travaille depuis longtemps sur le racisme, notamment en racontant la vie des personnes immigrées en France, comme dans ses documentaires Vers la tendresse ou La Permanence. Ce mardi dans les colonnes du quotidien, elle appelle à un sursaut du monde la culture : « Il faut une réaction de combat : irriguer les salles de théâtre, les cinémas et partout ailleurs. Ce n’est pas parce qu’ils sont en nombre aujourd’hui, qu’ils nous dominent, qu’ils ont raison. »

En colère devant l’absence de « la pensée antiraciste dans ce moment historique », Alice Diop rappelle que « l’extrême droite au pouvoir, ce n’est pas seulement un inconfort moral mais une peur réelle ». Avant d’ajouter : « Pour les gens comme moi, c’est la vie ou la mort. »

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