Législatives 2024 : la rédaction du « Figaro » demande des explications après un édito pro-RN

Le logo du « Figaro », ici photographié au siège du journal à Paris, le 24 octobre 2023.
MIGUEL MEDINA / AFP Le logo du « Figaro », ici photographié au siège du journal à Paris, le 24 octobre 2023.

MÉDIAS - Branle-bas de combat au Figaro. Près d’une centaine de membres de la rédaction du quotidien ont écrit mardi 2 juillet à leur direction pour lui demander si le journal soutient désormais le Rassemblement national. « “Le Figaro” se définit-il encore comme un journal libéral, conservateur, pro-européen et opposé à l’extrême droite ? », demandent ces journalistes, dans ce texte transmis à l’AFP.

Le Figaro « passe au RN » avec cet éditorial d’Alexis Brezet, estiment ces journalistes

La question fait suite à l’éditorial du directeur des rédactions Alexis Brézet publié lundi matin, au lendemain du premier tour des élections législatives. Prenant acte de la large défaite de la majorité présidentielle sortante et du parti Les Républicains, cet éditorial laissait poindre une préférence pour le RN, présidé par Jordan Bardella, face à la gauche et au Nouveau Front populaire, en particulier le dirigeant de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon.

« Entre Bardella et Mélenchon, qui, en conscience, voudra mettre un signe d’égalité ? Le programme du RN est certes à bien des égards inquiétant, mais en face : antisémitisme, islamo-gauchisme, haine de classe, hystérie fiscale… », écrit Alexis Brézet.

Alexis Brézet a pu être « mal compris »

« Nous avons compris cette formulation comme un soutien au Rassemblement national sans précédent dans l’histoire du journal », soulignent les signataires du texte qui interpelle la direction, dans ce qui prend la forme d’une mobilisation de ce type inédite dans l’histoire du journal. « Nous voudrions savoir si cette position témoigne d’un changement de la ligne éditoriale », ajoutent-ils.

Cette position reste en tout cas « contraire à l’engagement pris, il y a deux semaines, par Alexis Brézet, devant la Société des journalistes [SDJ] », font part des journalistes du Figaro auprès du Monde : le directeur des rédactions du quotidien avait alors assuré que le journal ne donnerait aucune consigne en faveur de l’une ou de l’autre des forces politiques à ses lecteurs.

La source interne à la rédaction a indiqué à l’AFP que la direction, interpellée dès lundi, n’avait pas donné de réponse claire, et qu’Alexis Brézet avait pu être « mal compris ».

« Si nous qui travaillons avec lui avons du mal à le comprendre, alors que peuvent comprendre nos lecteurs ? Une clarification s’impose, pour dire si “Le Figaro” est favorable ou non au RN », a ajouté cette source.

De son côté, l’éditorialiste Eugénie Bastié a fait savoir, dans un courriel interne cité par Le Monde, qu’elle n’avait été « nullement choquée » par le texte d’Alexis Brézet, dans lequel elle n’a « lu aucune consigne de vote ». Un édito approuvé aussi par son collègue du FigaroVox Alexandre Devecchio, rapporte le quotidien.

Interrogé par Le Monde, Rudi Roussillon, conseiller du groupe Dassault –propriétaire du Figaro– pour les activités de presse et de communication, ne voit pas non plus le problème : « Il n’a pas la moindre observation ni la moindre critique à faire sur la ligne rédactionnelle du journal. »

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