"Kohlantess" à Fresnes: la gauche accuse Dupond-Moretti de reculer face à l'extrême droite

Le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti à la sortie du palais de l'Elysée le 20 avril 2022 à Paris - Ludovic MARIN © 2019 AFP
Le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti à la sortie du palais de l'Elysée le 20 avril 2022 à Paris - Ludovic MARIN © 2019 AFP

Un quiz, du tir à la corde, des jeux aquatiques et surtout du karting. Les épreuves de "Kohlantess", cette compétition inspirée de Koh Lanta qui a fait s'affronter surveillants et détenus de la prison de Fresnes le 27 juillet dernier, et les vidéos qui en ont circulé à partir de vendredi, ont agité la classe politique tout le week-end. Au point qu'Éric Dupond-Moretti a annoncé dès samedi lancer une enquête administrative pour faire la lumière sur l'événement, dénonçant des images "choquantes". "La lutte contre la récidive passe par la réinsertion mais certainement pas par le karting!" a tempêté le garde des Sceaux sur Twitter. Selon nos informations, la Chancellerie avait pourtant connaissance de l'organisation du tournoi.

La réaction du ministre de la Justice a en tout cas franchement déplu aux figures de la gauche qui accusent Éric Dupond-Moretti, au choix, de se tromper de sujet, de reculer, voire de se renier, le tout pour complaire à une extrême droite ulcérée par les séquences de "Kohlantess".

La gauche s'en prend au "ministre de l'inhumanité"

"Ce n'est pas un hasard si c'est la fachosphère qui est beaucoup montée au créneau", a ainsi remarqué Jérôme Guedj, député socialiste élu dans l'Essonne ce lundi matin sur Europe 1, avant de faire valoir: "La prison doit priver de liberté, mais pas d'humanité les personnes qui y vivent."

Dénonçant une polémique "absurde et inhumaine", le député insoumis élu dans les Bouches-du-Rhône, Manuel Bompard a pour sa part suggéré au ministre ce lundi auprès de franceinfo de "s'attaquer" plutôt à la surpopulation carcérale s'il "veut faire quelque chose pour les prisons".

L'insoumis embrayait ici sur l'axe principalement emprunté par la Nupes au moment de s'en prendre à l'attitude d'Eric Dupond-Moretti. Dès samedi sur Twitter, sa consoeur écologiste au Palais-Bourbon, Sandrine Rousseau, a en effet dépeint un ministre qui aurait selon elle renoncé à ses valeurs.

"Vous vous auto-proclamiez avocat des droits humains et des droits de la défense. Vous serez le ministre de l’inhumanité. Après deux canicules et des conditions indignes de surpopulation, le scandale n’est pas là", a lancé la députée parisienne.

"Passe-plat de l'extrême droite"

Louis Boyard, député insoumis du Val-de-Marne, a lui aussi tancé la présumée myopie du garde des Sceaux autour des réalités des prisons, et a fustigé une ouverture supposée de ce dernier en direction de l'extrême droite:

"Vous avez abandonné cette prison. Laissez les associations y ramener un peu d’humanité. Contrairement à Éric Dupond-Moretti qui s’éloigne chaque jour un peu plus des droits humains pour s’approcher de l’extrême droite, j’ai alerté sur les conditions de détentions à Fresnes en exerçant mon droit de visite parlementaire."

François Piquemal est peut-être moins connu sur la scène médiatique que son collègue FI mais, toujours sur Twitter, il a trouvé des accents plus durs encore à l'égard du ministre de la Justice que le benjamin de l'Assemblée nationale. Le Haut-Garonnais a ainsi qualifié Eric Dupond-Moretti de servir de "passe-plat" à l'extrême droite. "Éric Dupond-Moretti ferait mieux de se préoccuper de l’état alarmant de nos prisons. Détenus comme personnel ne sont pas traités comme il se doit comme l’ont montré des ONG comme ⁦Amnesty France", a-t-il ajouté.

Numéro de claquettes

Enfin, le sénateur écologiste rhodanien Thomas Dossus est lui aussi entré dans la danse, décrivant lui aussi un pas de deux entre le pensionnaire de la Place-Vendôme et l'extrême droite. "Aujourd'hui, vous préférez faire des claquettes devant l'extrême-droite", a-t-il en effet tweeté à l'attention du ministre.

"Kohlantess" s'est déjà imposé comme la première polémique de la rentrée politique. Elle lui fournit à présent sa première passe d'armes.

Article original publié sur BFMTV.com