Kev Adams empêtré dans le scandale du film « Plush », qui devait être financé par des NFT

L’enquête de Mediapart sur les coulisses du film « Plush » n’est pas très élogieuse pour le projet pourtant porté à bout de bras par l’acteur et humoriste français Kev Adams.
L’enquête de Mediapart sur les coulisses du film « Plush » n’est pas très élogieuse pour le projet pourtant porté à bout de bras par l’acteur et humoriste français Kev Adams.

Ce film d’animation devait voir le jour en 2023 grâce au financement participatif d’internautes qui avaient acheté des images de nounours à 1280 euros pour devenir co-producteurs. Le projet est au point mort.

CINÉMA - Si le film Plush ne vous dit rien du tout, c’est normal : ce projet ne verra sans doute jamais le jour. Présenté en 2022 comme un projet de film d’animation en financement participatif porté médiatiquement par l’humoriste et acteur Kev Adams, Plush (peluche en anglais) serait désormais une boîte vide dans laquelle des centaines de personnes ont perdu de l’argent, comme le décrit une enquête de Médiapart.

Publiée dimanche 23 avril, cette enquête dévoile comment près de 770 personnes, qui avaient choisi de participer au financement du long-métrage en achetant un NFT d’ours vedettes du film pour plus de 1000 euros, ont perdu une grande partie de leur argent investi. Plus d’un an après le lancement du projet, la production du film est au point mort et l’entreprise qui devait le faire ne donne plus de nouvelles, alors que le film devait initialement sortir en salle à l’hiver 2023.

Un projet aguicheur

Le projet avait au départ de quoi séduire : financer soi-même un film d’animation avec un casting composé entre autres de Kev Adams, Éric Judor, Audrey Lamy, Camille Lellouche, Gérard Darmon, ou le chanteur Gims.

La seule contrepartie demandée par Kev Adams et « Fabi », un homme déguisé en nounours avec qui l’humoriste avait présenté le projet en milieu d’année 2022 : acheter l’une des 50 images d’oursons stars du film sous forme de NFT (ces certificats numériques de propriété permettant d’obtenir une image achetable en cryptomonnaie et authentifiée sur une « blockchain »).

Vendues à 1 250 euros le NFT, ces images devaient permettre de financer le film grâce à 60 millions d’euros de budget. Le projet Plush reposait en effet sur la vente de... 50 000 NFT. En contrepartie, le nom de chaque acheteur et « co-producteur » devait être présent au générique de fin, avec la promesse que tous ces acheteurs de NFT allaient toucher 80 % des profits du film au box-office. Sans compter une participation dans l’élaboration du scénario.

2 250 euros pour un t-shirt et deux NFT

Pourtant, ce projet, qui avait même eu diffusé une publicité en face de l’Hôtel Majestic du Festival de Cannes 2022, est depuis des mois étrangement silencieux sur les réseaux sociaux et son forum dédié, comme le raconte Médiapart dans son enquête.

La faute, probablement, au flop de cette vente d’images de nounours : entre le 18 et le 25 mai 2022, seuls 1 280 NFT ont été vendus à « la communauté française » de Plush. Ce qui est déjà bien plus que la vente à l’internationale, où seule une poignée d’images ont été vendues, selon Médiapart. Depuis cela, les NFT Plush ne sont en vente qu’à quelques centaines d’euros sur les marchés secondaires de reventes de NFT, où le nombre de reventes n’a été que très faible (14).

Depuis plus de neuf mois, les personnes qui avaient investi dans le projet n’ont donc plus de nouvelles, et se sentent escroquées. « Aujourd’hui, on peut dire que j’ai payé 2 250 euros pour un tee-shirt. [...] C’est le tee-shirt le plus cher de ma collection », lâche, amer, Wylem, acquéreur de deux NFT et ayant reçu ce t-shirt après coup, comme il l’a raconté à Médiapart.

Le site d’information donne également un aperçu de l’entreprise derrière le projet, nommée Illuminart - à ne pas confondre avec Illumination, la société de production cinématographique américaine à qui l’on doit Moi, moche et méchant, Les Minions ou le récent Super Mario Bros.

Illuminart s’agirait d’une société « opaque », basée à Dubaï et uniquement dirigée par « Fabi », présenté par Médiapart comme un ami de Kev Adams et un homme d’affaires visiblement passionné de cryptomonnaies. Un profil intriguant entre parties de poker privées, soirée d’anniversaire pour Kev Adams sur la Côte d’Azur et des fréquentations comme Marc Blata, ancien candidat de téléréalité déjà épinglé par une précédente enquête pour plusieurs d’affaires d’escroqueries présumées et reliées à son activité d’influenceur.

Au point mort

Parmi les nombreux problèmes de l’affaire Plush : le crédit accordé à ce « Fabi » pour réaliser un film, alors qu’il avait aucune expérience dans le cinéma selon Médiapart. Il faut dire qu’avec 7,5 millions d’abonnés rien que sur Instagram, la promotion de Plush réalisée par Kev Adams n’avait pas eu de mal à trouver une audience pour mettre en avant le projet de son ami. « Je soutiens ça car j’aurais aucun mal à dire à ma propre famille d’en acheter, c’est loin d’être une arnaque », promettait même l’acteur découvert par le grand public avec la série Soda.

Face aux questions de Médiapart, Kev Adams ou d’autres comédiens comme Camille Lellouche et Gérard Darmon, ont botté en touche, préférant renvoyer les auteurs de l’enquête vers « Fabi », considéré comme « à l’origine de ce projet ». Ce dernier a pour sa part fait parvenir une mise en demeure menaçant Médiapart de poursuites judiciaires pour avoir dévoilé son nom complet au cours de son enquête.

VIDÉO - La Minute de Kev Adams

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