Deuil national au Kazakhstan après la mort de 45 mineurs
A 20H00 locales (14H00 GMT), le ministère des Situations d'urgence recherchait toujours le dernier mineur porté disparu, mais les chances de le retrouver vivant étaient quasiment nulles dimanche, jour de deuil national dans cet immense pays riche en ressources naturelles.
Ce coup de grisou dans la mine Kostenko à Karaganda (centre) s'ajoute à une longue liste de drames déjà survenus dans des sites kazakhs d'ArcelorMittal, et a poussé le gouvernement à annoncer un accord pour nationaliser la filiale locale du géant mondial de l'acier.
Immédiatement après l'annonce de l'accident samedi matin, le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokaïev, avait ordonné de "mettre fin à la coopération" avec le groupe.
Le président Tokaïev n'a pas pris la parole dimanche mais un "film documentaire" a été diffusé sur plus d'une dizaine de chaines étatiques pour justifier la décision du gouvernement.
En présence des familles des victimes à Karaganda samedi, il avait qualifié ArcelorMittal de "pire entreprise de l'histoire du Kazakhstan du point de vue de la coopération avec le gouvernement".
Conséquence immédiate, le gouvernement kazakh et le géant de l'acier ont annoncé un accord préliminaire pour "transférer la propriété de l'entreprise en faveur de la République du Kazakhstan".
Le groupe avait précisé "s'engager à finaliser dans les plus brefs délais la transaction" de sa filiale locale, ArcelorMittal Temirtaou.
Dimanche, les drapeaux avec un aigle et un soleil doré sur fond bleu turquoise du Kazakhstan sont en berne pour cette journée de deuil national, comme à Karaganda, a constaté une journaliste de l'AFP.
Depuis la chute de l'Union soviétique en 1991, environ 200 mineurs ont perdu la vie au Kazakhstan, l'immense majorité dans des sites d'ArcelorMittal.
L'arrivée du groupe au Kazakhstan en 1995 a d'abord été porteuse d'espoir dans le marasme socio-économique ayant suivi la chute du communisme.
Mais le manque d'investissements et les normes de sécurité insuffisantes ont été par la suite à de maintes reprises critiquées par les autorités, tandis que les syndicats appellaient à un contrôle plus strict du gouvernement.
ArcelorMittal, dirigé par l'homme d'affaires indien Lakshmi Mittal et basé au Luxembourg, exploite une quinzaine d'usines et de mines dans le centre de l'ex-république soviétique.
Pire accident minier depuis 2006
Plus tôt, l'administration régionale avait fait état d'un incendie cette nuit dans cette mine, où 40 secouristes ont été envoyés sur place, ainsi que le ministre des Situations d'urgences Syrym Charipkhanov.
Il s'agit du pire accident minier au Kazakhstan depuis 2006, où 41 mineurs avaient perdu la vie dans un site d'ArcelorMittal et le deuxième accident mortel en deux mois sur un site du groupe, après la mort de cinq mineurs mi-août dans la même région.
ArcelorMittal opère une quinzaine d'usines et de mines dans cette zone industrielle extrêmement polluée de cette immense ex-république soviétique riche en ressources naturelles.
Le gouvernement kazakh a ces derniers mois dénoncé le "caractère systémique" des accidents impliquant le groupe, qui ont coûté la vie à "plus de cent personnes depuis 2006".
Le Kazakhstan, première économie d'Asie centrale, regorge de pétrole, de gaz, mais aussi d'uranium, de manganèse, de fer, de chrome et de charbon.