Julian Assange bientôt libre: retour sur 14 ans d'une longue saga judiciaire pour le lanceur d'alerte

Le lanceur d'alerte australien et fondateur de WikiLeaks Julien Assange est sorti de prison au Royaume-Uni ce mardi 25 juin et devrait retrouver la liberté après avoir plaidé coupable devant un tribunal américain, épilogue d'une longue saga judiciaire.

Les révélations de Wikileaks

Julien Assange est le co-fondateur de WikiLeaks, une plateforme qui permet à des lanceurs d'alerte de publier des documents classifiés et confidentiels. À partir de 2010, plus de 700.000 documents confidentiels sur les activités militaires et diplomatiques américaines, en particulier en Irak et en Afghanistan, sont rendus publics sur ce site.

Parmi ces documents figure une vidéo montrant des civils, dont deux journalistes de l'agence Reuters, tués par les tirs d'un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007. Wikileaks révèle également des milliers de notes, télégrammes et câbles diplomatiques, provoquant la colère du Pentagone.

Les États-Unis reprochent à Julian Assange d'avoir mis en danger des sources des services américains et ouvrent alors une enquête pour espionnage. Visé par 18 chefs d'accusation, il encourait en théorie jusqu'à 175 ans de prison.

Sept ans à l'ambassade d'Équateur

Le 18 novembre, la Suède émet un mandat d’arrêt européen contre Julian Assange, dans le cadre d'une enquête pour viol et agression sexuelle de deux Suédoises en août 2010. Les faits d'agressions sexuelles seront prescrits en 2015, et l'enquête pour viol classée sans suite en 2019.

Julian Assange se livre à la police britannique le 7 décembre 2010. Il est détenu neuf jours, puis assigné à résidence. En février 2011, un tribunal londonien valide la demande d'extradition suédoise. L'Australien redoute d’être ensuite extradé aux États-Unis et d'y encourir la peine de mort.

Le 19 juin 2012, Julian Assange se réfugie à l'ambassade d'Équateur, à Londres, et y obtient l'asile politique. Il passe sept ans confiné dans cette ambassade. Le 2 avril 2019, le nouveau président équatorien Lenin Moreno, en rupture avec son prédécesseur, affirme que Julian Assange a violé l'accord sur ses conditions d'asile. Quelques jours plus tard, la police britannique l'arrête au sein même de l'ambassade, qu'il n'a toujours pas quittée.

Il est alors incarcéré à Londres et le Royaume-Uni refuse la demande d'extradition de Julian Assange vers les États-Unis, en raison de l’impact que pourrait avoir une incarcération dans une prison américaine sur sa santé mentale.

Un accord avec la justice américaine

En juin 2022, toutetois, le gouvernement britannique approuve son extradition vers les États-Unis. Deux juges britanniques accordent à Julian Assange le droit de faire appel de son extradition, qui devait être examiné les 9 et 10 juillet. Mais en juin 2024, nouveau rebondissement: il conclut un accord de plaider coupable avec la justice américaine, ce qui permet sa libération.

Comme l'indiquent les documents judiciaires, le fondateur de WikiLeaks accepte de plaider coupable d'un chef d'accusation, relatif à "l'obtention et la divulgation d'informations sur la défense nationale". Il doit comparaître devant un tribunal fédéral des îles Mariannes ce mardi 26 juin pour "complot pour obtenir et divulguer des informations relevant de la défense nationale".

Julian Assange devrait être condamné à 62 mois de prison, soit exactement la durée passée en prison au Royaume-Uni, ce qui lui permettrait de regagner libre son Australie natale.

"La priorité est à présent que Julian retrouve la santé", "il est dans un état terrible depuis cinq ans" et souhaite "être en contact avec la nature", a affirmé auprès de la BBC son épouse. "C'est ce que nous désirons tous les deux pour le moment, et avoir du temps et de l'intimité et simplement commencer ce nouveau chapitre".

Article original publié sur BFMTV.com