Judo: JO 2024, Playstation et Doumbè, le carnet de voyage de Walide Khyar en stage en Ouzbékistan

"Un carnet de bord avec nos adversaires"

"Il y a un petit déjeuner à 7h du matin. On a rendez-vous à 8h30 pour prendre la navette pour aller au centre olympique. On a un petit trajet, c’est très embouteillé, ll y a pas mal de bouchons. On prend pas mal de temps pour l’entrainement de 9h30. On s’installe à notre place, une place qu’on a décidée en début de stage et chaque nation fait de même. Les Azerbaïdjanais sont au bout du tapis, nous on est à côté des Finlandais. On remplit nos gourdes, on se strappe, un peu de prophylaxie et salut général à 9h30. C’est deux randoris au sol et cinq debout.

On reprend la navette, on se douche, on mange vers 12h30. Ensuite c’est soit préparation physique, soit musculation soit judo. Certains font la sieste comme moi pendant 30-45 minutes. On repart pour l’entraînement de 17h selon le même déroulé. Il y a cette fois deux combats au sol et sept debout. On a un peu un carnet de bord, assez vite on sait qui on a comme adversaire du premier au dernier combat. Le soir la route est encore plus embouteillé. On peut mettre jusqu’à 1h30 pour rentrer. Pareil, douche, repas, kiné."

Playstation, paris et discussions sur Doumbè-Baki

"Le soir on se pose un petit peu. On parle surtout du combat de Cédric Doumbè et de Baki en ce moment. C’est la priorité. On attend que ça. On a beaucoup de discussions à ce sujet. On a la chance d’avoir une Playstation que j’ai ramenée. On se fait pas mal de matches de Fifa, FC24. Il mal de jeux, de discussions. Il y a le combat de Cédric (Doumbè), on parle aussi de Joshua contre Ngannou, de Benoît Saint Denis face à Poirier. On échange beaucoup sur le MMA, sur la boxe, les sports de combats.

Il y a beaucoup d’échanges, de débats au self, on parle de tout et de rien, de judo aussi. On n’a pas la chance de beaucoup bouger, on n’a pas le temps à cause de l’entraînement et des navettes. On parie aussi. On ne parie pas d’argent. On parie avec Baptiste (Leroy) le coach à chaque fois qu’il se passe quelque chose. On dit ‘on parie ?’ et c’est parti. Parfois on est sûr de nous parfois pas. Baptiste est très bon. Il fait genre il est pas trop sûr alors qu’il l’est et il pousse le pari à fond. Ce sont des questions de judo, des questions sur l’âge des gens."

"Je crois qu’on était les premiers clients de l’hôtel"

"D’un pays à l’autre le judo n’est pas le même. Les Ouzbeks très forts sur le kumikata (la garde). Ils attaquent un peu dans tous les sens, c’est un judo basé sur le corps à corps, la prise de risque. C’est important d’avoir des partenaires différents en vue des Jeux Olympiques. Pour l’Ouzbékistan les judokas sont particuliers ils se tiennent moins droits, en vue d’une prépa olympique on a besoin de ce genre de partenaires qui vont au combat sans rien calculer… C’est ça qui est super intéressant, de prendre des profils un peu différents. L’ambiance est très bonne, les gens sont gentils et accueillants.

J’avais deux trois contacts avant d’arriver ici. Ces personnes m’ont envoyé des messages pour me demander si j’avais besoin de quelque chose. Ils étaient super disponibles. C’est la troisième fois que je viens et c’est la première fois que je visite autant grâce aux navettes. Il y a beaucoup de choses à voir. La ville est ultra développée. Ca se voit qu’ils construisent beaucoup, qu’il y a de nouvelles avenues. Il y a le Tachkent ancien et le Tachkent un peu plus récent. On a changé d’hôtel après la première nuit. Là on est dans un quartier plus ancien. Avant on était dans un quartier neuf. Le taxi qui nous a déposés ne connaissait pas la rue c’était une nouvelle rue. Tout était neuf. Je crois qu’on était les premiers clients de l’hôtel, tout était nouveau."

Taxi coffre ouvert sous la neige et arnaque

"Dès l’arrivée il s’est passé un truc de fou. Il n’y avait pas de navette pas de taxi. On a dû prendre 3 espèces de taxi qui n’étaient pas des taxis. Ils n’avaient pas assez de place pour nos bagages. On roulait le coffre ouvert, neigeait on avait froid c’était n’importe quoi. Je n’avais jamais vu ça de ma vie. Aurélien Diesse, Khamzat Saparbaev et moi on était au resto, on commande une viande.

Il était écrit que la viande faisait 100 g, une Black Angus. On se dit que ce n’était pas trop cher par rapport au prix en France. On est servi, on mange et quand on nous ramène la note on voit que c’est cinq fois le prix affiché. On demande au serveur et il nous dit que c’était le prix pour 100g et qu’ils nous avaient ramené 500g. On a rigolé ! On s’est fait arnaquer quoi ! On voulait 100g et ils nous ont mis presque 500g. On a rigolé mais on était un peu vert de se faire arnaquer. C’est comme ça."

"Je me dis ‘on est une bonne équipe'"

"Ce genre de stage nous soude à fond. Maintenant qu’on a pris connaissance de l’équipe olympique automatiquement on s’est rapproché les olympiens et ceux qui seront remplaçants. On a aussi un petit jeune avec nous, Matheo Akiana Mongo (vice-champion du monde cadet, champion de France junior en poids lourds). C’est marrant je me vois un peu en lui quand j’étais junior et que j’allais en stage avec les seniors.

Tu es un peu intimidé par les plus grands mais il s’entraîne bien. Il y a des jeunes et des plus âgés. On se doit de montrer l’exemple il y a une très bonne ambiance tout le monde s’entend super bien. Pareil avec les entraîneurs, les kinés, les préparateurs physiques. Je pense que ça n’a pas été toujours le cas, on prend plaisir à être ensemble. Là je me dis on a une bonne équipe ! Personne ne se plaint même si les entrainements sont durs, tout le monde sait pourquoi il est là. C’est de très bons moments, ça fera de merveilleux souvenirs à raconter."

Article original publié sur RMC Sport