Journalistes en nombre, prime de 10 millions, fierté nationale: contexte euphorique pour la reprise de la Géorgie

Plus de quarante journalistes étaient présents, ce vendredi, dans la salle de presse du camp d’entraînement de la Géorgie, à Velbert. Des micros posés sur une table et des discussions dans toutes les langues: espagnol bien sûr, mais aussi italien, anglais, français… Les joueurs, presque surpris parfois, se mettaient naturellement en retrait lors de leur arrivée face aux caméras, comme si ça faisait trop d’un coup.

Car la Géorgie, après sa victoire contre le Portugal (2-0) et sa qualification historique en huitièmes de finale pour son premier Euro, est devenue l’une des attractions de la compétition. "C’est difficile d’imaginer ça car c’est notre première fois, avoue le milieu de terrain Otar Kiteishvili. C’est incroyable, nous sommes Géorgiens, nous parlions dès notre qualification de passer en 8èmes. Nous sommes des gens ambitieux." Avec un gardien exceptionnel, un Mikautadze meilleur buteur, la sélection caucasienne vit un rêve éveillé et est fier de placer le pays d’à peine 4 millions d’habitants sur la carte du football.

L’ex premier ministre promet 10 millions

"Voir ce qu’il se passe en Géorgie… On est fiers de rendre notre pays heureux, nous ne l’oublierons jamais", sourit Kiteishvili. "Toutes les villes, tous les villages étaient remplis de gens qui chantaient, criaient. J’aurais aimé y être même si je suis heureux d’être en Allemagne, s’enthousiasme Amiran Shaishmelashvili, journaliste géorgien. Ce n’est pas que du football, c‘est plus car le football est la vie pour certains. Il y a des problèmes politiques en ce moment sur certains sujets, mais le football a le pouvoir d’unir les gens et je pense que la Géorgie est réunie maintenant !"

Depuis plusieurs semaines, il y a effectivement un intense débat et des manifestations concernant un projet de loi sur "l’influence étrangère". Mais tout s’est évaporé pendant quelques heures mercredi et les joueurs ont vu les gens envahir les rues dans la capitale Tbilissi et ailleurs. Ils ont entendu parler, aussi, de la promesse de l’ancien premier ministre de leur verser… l’équivalent de près de 10 millions d’euros pour cet exploit. "C’est un sujet mineur je pense que personne ne pense à l’argent. C’est un beau geste de sa part pais on ne joue pas pour l’argent, mais pour notre pays et c’est le plus important", évacue le défenseur Luka Lochoshvili. La folie des grandeurs.

"Un petit pays avec un grand cœur"

"On a toujours pensé qu’on était un pays de football, qu’on était sur la carte de l’Europe car c’est notre culture, rappelle Irakli Imedadze, qui suit la sélection pour le média Setanta Sport Georgia. Et tous les Géorgiens sont euphoriques. Certains se sont même fait tatouer la dernière phrase du match du commentateur." Lors de l’entraînement, dont les quinze premières minutes étaient ouvertes aux médias, le sélectionneur Willy Sagnol semblait lui détendu.

Après un discours de motivation, il a regardé les titulaires de l’exploit contre le Portugal enchaîner les tours de terrain. Avant de lancer la séance avec sérieux car le match contre l’un des favoris, l’Espagne, arrive vite. "L’Espagne est favorite mais on est un petit pays avec un grand cœur. On va lutter, se battre", prévient le gardien, Giorgi Mamardashvili. La Géorgie ne compte pas y faire juste de la figuration.

Article original publié sur RMC Sport