En Jordanie, le street art se dessine au féminin

Numéro d’été de “Courrier international”.. Courrier international
Numéro d’été de “Courrier international”.. Courrier international

[Cet article est extrait du numéro d’été de Courrier international “Ces villes qui bougent”. En vente du 7 juin jusqu’à la fin du mois d’août]

En Jordanie, les graffeurs investissent progressivement les villes et apportent une touche de couleur sur les façades couleur sable.

Leurs œuvres monumentales viennent embellir les rues, pour le plus grand plaisir des passants. Mais en regardant attentivement, on s’aperçoit que chaque œuvre, ou presque, véhicule aussi un message : sur le décalage entre tradition et modernité qui persiste dans le monde arabe, sur la féminité et les normes de genre ou sur la jeunesse, qui bouscule les traditions profondément ancrées dans cette société conservatrice.

Depuis une dizaine d’années, le street art est en plein essor en Jordanie. Les artistes ne se cantonnent plus à Amman, la capitale, et décorent les rues de tout le royaume, d’Irbid, dans le Nord, à Aqaba, à l’extrémité sud du pays.

Dénoncer les violences faites aux femmes

À Madaba, à une trentaine de kilomètres au sud d’Amman, trois portraits de femme ornent les portes de magasins à l’abandon. La première verse une larme, la seconde porte des marques de violence, la troisième retient ses pleurs.

“Je les adore”, glisse Nada Al-Qarra, 25 ans, l’autrice de la fresque. Elle fait partie des quelques dizaines de graffeurs qui officient en Jordanie. Et la plupart sont des femmes, un constat étonnant dans un milieu généralement dominé par les hommes.

Dans le quartier d’Al-Hashmi Al-Shamali,
dans l’est d’Amman, en Jordanie.
Photos Hanna Davis. Photo Hanna Davis
Dans le quartier d’Al-Hashmi Al-Shamali, dans l’est d’Amman, en Jordanie. Photos Hanna Davis. Photo Hanna Davis

Quand Nada s’est lancée dans le street art il y a sept ans, les façades de sa ville natale, Madaba, étaient encore vierges. Elle fut l’une des premières à laisser parler sa créativité sur les murs de cette ville, plus conservatrice qu’Amman. Au départ, ses proches ont accueilli son travail avec scepticisme. La plupart de ses créations représentaient des femmes et les émotions qu’“elles n’osent pas toujours exprimer”.

Mais la jeune artiste ne s’est pas laissée décourager par ce manque d’enthousiasme. “J’aime l’idée de peindre dans les rues pour obliger les passants à se confronter aux réalités que je veux mettre en lumière”, confie-t-elle.

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