Jonathan Coe : « Mon Boris est-il vraiment Boris Johnson ? »

Jonathan Coe, le 18 octobre 2022 à Paris.  - Credit:Tristan Reynaud pour
Jonathan Coe, le 18 octobre 2022 à Paris. - Credit:Tristan Reynaud pour

« Il arborait une tignasse rebelle de cheveux blonds et se baladait dans Bruxelles au volant d'une Alfa Romeo, écoutant du heavy metal à fond les ballons sur l'autoradio. (…) Toujours pressé, toujours en pétard, toujours en retard, toujours dans l'improvisation, toujours à en faire des tonnes, toujours très demandé, et toujours inaccessible. (…) Pour lui, la vie n'est qu'une vaste blague, affirma Philip ».

Lui ? Qui ? Boris Johnson, pardi, au début des années 1990, alors correspondant du Daily Telegraph à Bruxelles et croqué par Jonathan Coe, l'auteur fêté de Testament à l'anglaise, dans son nouveau roman Le Royaume désuni, qui prend en charge sept décennies de l'histoire de l'Angleterre, de 1945 à nos jours. Le couronnement d'Elizabeth II, la victoire au Mondial contre l'Allemagne en 1966, la mort de Lady Di… Mais tout cela vu à travers les yeux d'une famille de classe moyenne, dans une petite bourgade du côté de Birmingham, Bournville, connue pour sa chocolaterie Cadbury, la plus grande du pays. Quelle fresque ! Puissante et sensible, minutieuse et épique, inspirée à l'auteur par la vie de sa mère, constamment travaillée à hauteur d'être humain même si elle embrasse toute la vie politique, industrielle, culturelle, et même mythologique de la Grande-Bretagne, mêlant constamment l'intime à l'histoire du royaume. Au fait, désuni, vraiment ?

Le Point : « Le moment politique que nous vivons m'intéresse en tant que romancier », nous disiez-vous en janvier 2021 [...] Lire la suite