Johnny Depp à Cannes : Rima Abdul-Malak juge sa présence « troublante » mais…

La ministre de la Culture Rima Abdul Malak juge « troublant » de voir Johnny Depp à Cannes mais...
La ministre de la Culture Rima Abdul Malak juge « troublant » de voir Johnny Depp à Cannes mais...

CULTURE - « Cannes sans polémique, ce n’est pas Cannes. » La ministre de la Culture Rima-Abdul Malak a jugé ce mercredi 24 mai la présence de Johnny Depp au festival de Cannes « troublante », alors que l’acteur sort tout juste d’un procès contre son ex-femme Amber Heard sur fonds d’accusations de violences conjugales. Néanmoins, la ministre refuse de s’immiscer dans le débat.

« Bien sûr que c’est troublant » que Johnny Depp soit présent à Cannes, a déclaré Rima Abdul-Malak sur France 2. « Mais ce n’est pas à moi, ministre de la Culture, de choisir quel va être le film d’ouverture. Imaginez : si je commence à faire ça, c’est la fin de la liberté de programmation. Et c’est la fin du Festival de Cannes. »

La présence de l’acteur à Cannes, qui plus dans la peau de la vedette du film d’ouverture Jeanne Du Barry, de Maïwenn, a pourtant provoqué une vague d’indignation.

En cause : le procès ultra-médiatisé dans lequel Johnny Depp et son son ex-femme Amber Heard ont tous les deux été reconnus coupables de diffamation en juillet 2022. Les poursuites intentées par Johnny Depp portaient notamment sur la publication d’une tribune dans le Washington Post en 2018, dans laquelle Amber Heard disait être « une personnalité publique représentant les violences conjugales ».

Même s’il n’était pas nommé, Johnny estimait que cette tribune avait détruit sa carrière et sa réputation. Amber Heard avait ensuite contre-attaqué. À l’issue du processus judiciaire, les deux ont finalement été condamnés à des amendes - inégales - de plusieurs millions de dollars. Mais Amber Heard, cible d’une campagne de cyberharcèlement pendant le procès, a déploré « un revers » judiciaire qui « remet en cause l’idée que la violence envers les femmes doit être prise au sérieux ».

Johnny Depp, « le choix » de Maïwenn

La ministre de la Culture estime quant à elle que la situation est « beaucoup plus complexe que juste le sujet des violences sous l’angle de la vie de Johnny Depp ». « C’est quand même un film réalisé par une femme, Maïwenn, qui choisit, elle, et c’est son choix de femme, d’aller chercher Johnny Depp pour ce rôle. Et en plus, c’est un film sur une femme, Jeanne Du Barry, plutôt invisibilisée par l’histoire, qu’elle veut remettre en lumière », souligne-t-elle.

« Ce qui m’importe, c’est de voir que dans le cinéma il y a des films qui nous aident à changer de regard sur ces sujets », ajoute la ministre évoquant par exemple le film de Valérie Donzelli sur l’emprise dans un couple.

Maïwenn, à la fois réalisatrice et interprète de Jeanne Du Barry, a d’ailleurs justifié son choix en le présentant comme « artistique », loin de toute « provocation ». « J’adore l’acteur, j’ai été le chercher avant qu’il y ait ces procès », s’est-elle défendue dans les colonnes de Télé Loisirs, avant la sortie du film.

« Cannes, sans polémique ce n’est pas Cannes », estime Rima Abdul-Malak, qui se félicite de voir que le festival est aussi « une caisse de résonance de toutes les questions qui agitent la société. » « C’est bien que ce soit aussi un lieu de débat, de frictions et d’échanges, de positionnement, de controverses », assume-t-elle.

À voir également sur Le HuffPost :

Le cinéma français, mauvais élève de la révolution MeToo ?

À Cannes, Scarlett Johansson illumine la montée des marches d’« Asteroid City » de Wes Anderson