Joe Biden corrigé par la Maison Blanche sur le kibboutz de Kfar Aza, victime d’un massacre

Joe Biden, ici le 10 septembre 2023, a relayé une information non vérifiée sur le kibboutz Kfar Aza.
SAUL LOEB / AFP Joe Biden, ici le 10 septembre 2023, a relayé une information non vérifiée sur le kibboutz Kfar Aza.

INTERNATIONAL - « Je n’aurais jamais pensé voir des photos authentifiées de terroristes décapitant des enfants. » Avec cette déclaration du président américain Joe Biden mercredi 11 octobre, beaucoup y ont vu la confirmation de l’information selon laquelle 40 bébés auraient été décapités par le Hamas dans le kibboutz de Kfar Aza. Mais la Maison Blanche a dû rectifier ses propos.

La phrase de Joe Biden a été prononcée lors d’un discours après une rencontre avec des représentants de la communauté juive aux États-Unis, comme vous pouvez le voir ci-dessous. « Je n’ai jamais vu ça dans ma carrière », déplorait-il.

Or plus tard, un porte-parole de la Maison Blanche a corrigé auprès du Washington Post. En fait, le président américain n’a pas vu de photos ni n’a eu la confirmation de ces exactions. Joe Biden aurait simplement relayé les propos d’un porte-parole du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et les informations circulant dans les médias.

Un massacre

Problème, ce mercredi le chiffre de 40 bébés décapités n’a pas été confirmé officiellement. Comme l’explique Libération, la nouvelle a d’abord été relayée par une journaliste de I24 News mardi 10 octobre, invitée comme de nombreux reporters par l’armée à se rendre au kibboutz de Kfar Aza où s’était déroulé un massacre au premier jour de l’attaque du Hamas.

Au cours d’un live, elle racontait que « l’un des commandants sur place a dit qu’au moins 40 bébés seraient morts, certains d’entre eux auraient été décapités ». L’information est ensuite relayée par le compte officiel d’Israël sur X (ex-Twitter) avec le commentaire « 40 bébés assassinés » et par certains médias.

Comme l’a remarqué Arrêt sur images, un autre journaliste d’I24 News a relayé une information plus ou moins semblable sur BFMTV un peu plus tard. « On a coupé la tête à des enfants et à des femmes. On parle de familles entières qui ont été décimées. Pas moins de quarante enfants ont été exécutés, éventrés. Parmi eux, des bébés », indique à l’antenne Maël Benoliel.

Une information relayée uniquement par I24 News

Interrogé par Libération, Maël Boniel explique que lui et ses collègues ont interviewé deux soldats leur ayant parlé de « 40 enfants exécutés » ou « décapités » dans ce kibboutz. Lui-même n’a pas vu les corps, a-t-il précisé.

Sur place, le correspondant du Monde Samuel Forey a tenu à mettre les choses au clair dans cette confusion. « J’étais hier à Kfar Aza. Personne ne m’a parlé de décapitations, encore moins d’enfants décapités, encore moins de 40 enfants décapités », a-t-il écrit sur X mercredi matin.

« J’ai vérifié auprès de deux services de secours (souhaitant rester anonymes, tant le sujet est sensible), qui ont collecté nombre de cadavres. Les deux affirment qu’elles n’ont pas été témoins de telles exactions — sans dire que ça n’a pas existé », a-t-il ajouté.

Des informations contradictoires

Du côté de Tsahal, toutes les sources ne semblaient pas être sur la même longueur d’onde. A Business Insider, le major et porte-parole de l’armée israélienne Nir Dinar aurait affirmé mardi après-midi que ses soldats avaient trouvé les cadavres décapités de bébés à Kfar Aza. Il n’a pas précisé combien.

Un peu plus tard, une autre source au sein de l’armée israélienne a indiqué à l’agence de presse turque Anadolu qu’il n’avait aucune confirmation concernant « le Hamas décapitant des bébés ». Finalement mercredi soir, l’AFP a contacté un porte-parole du ministère des Affaires étrangères dont dépend d’ailleurs le compte officiel d’Israël, qui a relayé l’information. « Nous ne pouvons confirmer aucun chiffre à ce stade », a souligné cette source.

Les militaires sur place interrogés par l’AFP ont fait état de plus de 100 ou 150 morts, y compris des enfants mais sans préciser leur nombre. L’un d’eux, qui n’a pas souhaité être identifié, a évoqué, des mutilations, parmi lesquelles des décapitations, mais a refusé d’en dire plus.

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