La Joconde de Léonard de Vinci : un composé insoupçonné dévoilé grâce aux rayons X

Grâce au synchrotron de Grenoble, des chercheurs ont pu analyser de manière extrêmement précise un fragment de la couche préparatoire de peinture ayant servi à réaliser La Joconde. Mesurant quelques dizaines de micromètres seulement, l’échantillon a permis de reconstituer certaines pratiques d’atelier de Léonard de Vinci. Et montre à quel point le maître expérimentait toutes sortes de techniques pour réaliser ses chefs-d’œuvre.

Le polymathe Léonard de Vinci n’était pas seulement un peintre, sculpteur, inventeur, architecte ou anatomiste de génie. "Il était aussi chimiste expérimentateur", souligne un communiqué du CNRS. Le plus célèbre de ses tableaux, chef-d’œuvre archétypal de la Renaissance italienne exposé au Musée du Louvre, a pu être analysé en effet avec des techniques de pointe au synchrotron de Grenoble (ESRF).

Elles montrent que la sous-couche de peinture contient notamment de la plumbonacrite, composé cristallin rare et instable constitué de plomb, de carbone, d’oxygène et d’hydrogène, qui n’était pas attendu dans cette couche de préparation. Or la présence de cette phase suggère que Léonard de Vinci a utilisé un mélange singulier d’huile au plomb, "très différent en composition de ceux habituellement observés dans les peintures à l’huile de cette époque", précise le communiqué.

Portrait de Monna Lisa, dite La Joconde, par Leonardo di ser Piero da Vinci dit Léonard de Vinci.  Crédit : Musée du Louvre
Portrait de Monna Lisa, dite La Joconde, par Leonardo di ser Piero da Vinci dit Léonard de Vinci. Crédit : Musée du Louvre

Le portrait de Monna Lisa, dite La Joconde, est le plus célèbre du monde. Crédits : Musée du Louvre

"Dans les tableaux de Léonard de Vinci, aucune couche préparatoire n’est identique"

On ne retrouve pas de plombonacrite dans d’autres peintures du maître comme La Belle Ferronnière, où la sous-couche contient un pigment orange dénommé minium, forme minérale d’oxyde de plomb (tétroxyde de plomb). Ou encore dans Saint-Anne, la Vierge et l’Enfant Jésus, où la couche préparatoire est composée en particulier de sulfate de calcium.

Sainte Anne, la Vierge et l\'Enfant Jésus jouant avec un agneau  Crédit : Léonard de Vinci - Le Louvre - Wikimedia commons
Sainte Anne, la Vierge et l\'Enfant Jésus jouant avec un agneau Crédit : Léonard de Vinci - Le Louvre - Wikimedia commons

Avant de peindre Sainte Anne, la Vierge et l'Enfant Jésus jouant avec un agneau, Léonard de Vinci a appliqué une couche préparatoire composée en particulier de sulfate de calcium. Crédits : Le Louvre

"Dans les tableaux de Léonard de Vinci, aucune couche préparatoire n’est identique. Il a expérimenté ainsi de nombreuses techniques différentes", relève Victor Gonzalez, chimiste au CNRS et au Laboratoire de photophysique et photochimie supramoléculaires et macromoléculaires de l’université Paris-Saclay, premier auteur de l’étude publiée le 11 octobre 2023 dans la revue scientifique[...]

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