JO de Paris 2024: "Quelque chose qui me fait rêver", Manaudou se confie sur le rôle de porte-drapeau

Sa nouvelle façon de se préparer

"En natation, généralement on va dans un club et on accepte tout le staff qu'il y a dans ce club. Mais à partir de 2021 j'ai décidé que j'allais choisir mon staff autour de moi et ne pas forcément utiliser les kinés ou les préparateurs mentaux internes au club. Je me suis mis au centre de mon projet, c'est moi qui décide de mes voyages, de mes stages, de mes logements, de mes vols, etc. Je trouve ça très agréable.

Je pense que c'est parce que je suis un athlète un peu plus vieux que les autres, j'ai besoin de cette liberté de choix. La natation est un sport où on nous donne beaucoup de directives tout au long de notre carrière et je suis quelqu'un qui a besoin de libertés. Ca ressemble un peu à ce que font les joueurs de tennis, en moins exacerbé parce que les joueurs de tennis bougent toutes les semaines."

Les similitudes avec sa soeur Laure

"Avec ma soeur on a évidemment des similitudes. Je pense que la natation ne rend pas forcément heureux si c'est mal fait. Il faut beaucoup s'écouter parce qu'on est que dans l'effort pur, il n'y a pas de notion de jeu. C'est un sport à la dure. Il faut qu'on arrive à trouver notre équilibre entre le côté plaisir et la performance. C'est ce que j'ai trouvé depuis 2021, même si physiquement, je suis un peu moins bien parce que je vieillis.

Avec ma soeur, on a l'impression qu'on est un peu je m'en foutistes mais c'est juste qu'on protège notre liberté. On a besoin d'être bien dans notre peau pour performer, c'est primordial. Être bien physiquement, on est tous capables de le faire, mais pour performer il faut aussi un état d'esprit mental parfait. Je protège ça et partir à l'étranger m'aide pour ça."

Les attentes autour des Jeux à Paris

"Ce n'est pas plus dur que d'habitude si c'est bien géré. Il faut arriver à naviguer à travers tout ça, je suis très content d'être un athlète expérimenté, que ce soit mes quatrièmes Jeux potentiels, même si pour le moment je ne suis pas qualifié. L'attente populaire est beaucoup plus forte que lors des JO qui ne sont pas à la maison. On en parle de partout. J'ai fait un shooting il y a deux jours dans une piscine, c'est marqué Paris 2024 partout.

Evidemment, les gens nous en parlent, veulent qu'on leur ramène de l'émotion. Parce que les Jeux olympiques pour eux, c'est ça, être dans leur canapé ou dans les gradins et vivre des émotions. Mais derrière les athlètes il y a des êtres humains et c'est compliqué parfois de naviguer à travers ça. Moi je le gère plutôt bien, j'arrive à faire des choix où je m'isole pour reprendre un peu l'énergie du public. Par exemple ce matin, j'ai fait une séance d'autographes et on ne me parle que des Jeux. Ca me fait du bien, mais ponctuellement, pas tous les jours de l'année."

Le rôle de porte-drapeau

"Je serais très fier de pouvoir mener l'équipe de France sur la cérémonie d'ouverture qui serait unique. Essayer de mener l'équipe de France ensuite tout au long des Jeux olympiques. C'est quelque chose qui me fait rêver parce que quand je vois les porte-drapeaux précédents, ce sont des gens qui ont été des inspirations pour moi. Donc j'estime que si jamais un jour je suis porte-drapeau, ça voudra dire que je suis peut-être aussi une inspiration pour des jeunes et ça me ferait ultra plaisir. Ce ne serait pas une pression supplémentaire, ce sera quelque chose qui me galvanise.

Je suis très content que ce soit les athlètes qui choisissent parce que le public c'est bien, les politiques aussi, mais les Jeux olympiques c'est les athlètes avant tout. Et je suis très content que ce soit tous les athlètes et pas seulement deux par fédérations, parce qu'on peut vite tomber dans quelque chose d'un peu politique. Chaque athlète qui ira aux Jeux aura une voix et je suis très content de ça."

Marquer l'histoire en allant chercher une 4e médaille

"Ça me ferait plaisir de faire une quatrième médaille consécutive. Pas forcément pour égaler des records mais déjà pour moi-même, pour me dire que j'ai été consistant pendant douze ans de ma carrière, sur une épreuve qui demande énormément de précision.

Déjà durer deux Jeux olympiques c'est bien, trois c'est très bien, quatre c'est un rêve. Pouvoir donner des émotions à la France pendant si longtemps, c'est un rêve. Je l'ai senti hier sur le 50 mètres, quand je m'avance vers le plot, les gens me poussent et me soutiennent, ça fait plaisir de voir qu'ils m'ont suivi pendant toutes ces années."

La flamme olympique à Marseille

"Pour l'instant je sais que je serai à Marseille le 8 mai pour l'arriver de la flamme olympique, parce que ça me tient à coeur. Mais je ne sais pas si je porterai la flamme, c'est très honnête, je n'ai pas encore eu de retour là-dessus. Je ne sais pas encore qui va me contacter mais j'ai réservé ma date et je serai à Marseille.

C'est ma ville de coeur, la ville qui m'a fait passer de l'adolescence à l'âge adulte, d'un athlète potentiel à champion olympique. C'est une ville qui me tient à coeur, que j'aime, je suis toujours licencié à Marseille d'ailleurs. Alors si je peux porter la flamme à Marseille, ce sera un grand plaisir. En plus c'est une ville d'eau, il y a la mer, ça aurait du sens."

Article original publié sur RMC Sport