JO de Paris 2024: arrivée de la flamme olympique, le début de trois mois sous très haute tension

“Un chef d’Etat en déplacement en France pendant trois mois”, voilà le résumé de la situation réalisé par un cadre du ministère de l’Intérieur concernant le relais de la flamme olympique. Dans une note destinée aux Préfets, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, rappel que la “France a une première obligation de résultat : maintenir allumé le symbole des Jeux provenant du berceau de l’Olympisme”.

A Marseille, c’est du jamais vu !

Pour réussir cette mission hors-norme et inédite, les services du ministère de l’Intérieur vont déployer des moyens conséquents. 200 policiers et gendarmes seront présents autour de la flamme dans le long convoi qui encadre le relayeur. La protection très rapprochée de la torche olympique dans le “convoi engagement” sera exécutée par 18 policiers et gendarmes qui formeront une bulle de protection avec pour priorité d’anticiper les actes malveillants. Une Unité de Force Mobile (UFM) sera présente dans ce convoi principal, une demie UFM sera destinée au “convoi agile”.

“L’arrivée à Marseille est l’exemple parfait des moyens que l’on peut rapidement déployer, même en région”, poursuit une source policière impliquée dans ce relais. Gérald Darmanin a mis les petits plats dans les grands pour cette arrivée du Belem sur le Vieux-Port, le 8 mai à 19h40. Ce jour-là, 5.942 effectifs seront déployés pour sécuriser les 150.000 personnes attendues dans le centre de Marseille. 16 tireurs d’élite surveilleront le périmètre, et dans le ciel un avion Rafale et un Awacs auront la charge de la police de l’air. “C’est un dispositif Air, Terre, Mer”, appuie le Préfet de Police de Marseille.

Gérald Darmanin a souvent rappelé les différentes menaces qui pèsent contre ces Jeux olympiques, et tout particulièrement contre le relais de la flamme. Le ministre de l’Intérieur avait affirmé prendre "très au sérieux" les menaces des mouvements de contestations comme les Soulèvements de la Terre, Saccage 2024 et Dernière Rénovation. La “menace contestataire ne vise pas à tuer des personnes ou à les blesser mais à faire des revendications ou arrêter un déroulement de cérémonie”, expliquait-il lors d’un déplacement. Et d'ajouter : “Ils ont déjà fait un certain nombre de communiqués ou de messages sur les réseaux sociaux pour dire qu’ils vont essayer d’éteindre la flamme. On voit même sur Internet des tutoriels pour voir comment l’éteindre”.

Dès le 9 mai au contact du public

Des mouvements contestataires pourraient faire une apparition dans la rade de Marseille, mercredi dans la journée. Des membres de collectifs “anti-JO” se sont regroupés ces dernières semaines pour mener des actions lors de cet événement dans le sud de la France. Les actions pourraient prendre différentes formes, en mer et sur terre. Mais le gros du travail débutera le lendemain, le 9 mai à 8h20 en haut de la Basilique Notre-Dame de la Garde, lorsque le premier relayeur va s’élancer avec une flamme à la portée du public. “La veille, la torche ne sera pas au contact direct du public, Florent Manaudou ne va faire qu’une centaine de mètres et il ira allumer le chaudron, le plus difficile commence le lendemain matin”, insiste une source interne à Paris 2024.

“Il faut aussi prendre en compte que leurs actions sont très faciles à mettre en place, poursuit cette source. C’est donc plus difficile à détecter pour nos services de sécurité. Un petit groupe qui vient avec des tee-shirts et quelques tracts...Comment voulez-vous empêcher cette action au bord d’un parcours ?”. Même si l’objectif principal pour plusieurs membres interrogés reste de perturber et d’éteindre un relais de la flamme olympique. “Saccage 2024” a, par exemple, diffusé, à de nombreuses reprises, un tuto sur les réseaux sociaux pour savoir : “Comment éteindre la flamme olympique ?” Une vidéo qui a irrité le ministre de l’Intérieur.

Les perturbations peuvent prendre plusieurs aspects. Les autorités devront prendre en compte plusieurs critères pour traiter ces actes. Certaines actions, sans incidence sur l’avancement du relais de la flamme, n’entraîneront pas d’actions de la part des policiers et gendarmes déployés sur ces convois afin d’éviter une réaction en chaîne et une reprise rapide sur les réseaux sociaux.

De nombreux recalés aux enquêtes administratives

Depuis plusieurs mois, le service national des enquêtes administratives de sécurité (SNEAS) tourne à plein régime pour mener les criblages sur toutes les personnes qui graviteront autour des Jeux. Au regard du petit recensement effectué par nos soins, de nombreux membres de plusieurs mouvements contestataires se sont vu refuser leur candidature ces dernières semaines. Ils n’auront donc pas les accès nécessaires pour participer de près ou de loin à ces Jeux olympiques et au relais de la flamme. Un premier coup dur pour certains qui voulaient perturber les Jeux en juillet prochain.

“Dans le cadre des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024, vous avez candidaté au programme des volontaires et accepté une mission pendant les Jeux. En application de l’article L. 211-11-1 du code de la sécurité intérieure, Paris 2024, en sa qualité d’organisateur de l’évènement, a l’obligation de solliciter, en amont de la délivrance d’une accréditation, un avis conforme de l’autorité administrative compétente rendu à la suite d’une enquête administrative (article L211-11-1)”, fait savoir le mail de Paris 2024 reçu par plusieurs membres.

Et d’ajouter : “En l’occurrence, un avis défavorable a été émis à votre encontre sans que les éléments de motivation ne soient connus de Paris 2024. En effet, Paris 2024 n’est destinataire que du sens de l’avis conformément au dernier alinéa de l’article R. 211-32 du code de sécurité intérieure. Par conséquent, conformément aux dispositions rappelées dans la charte du volontariat olympique et paralympique, nous sommes au regret de vous informer que nous ne pourrons plus vous compter parmi les volontaires de Paris 2024. La mission acceptée ne vous est donc malheureusement plus attribuée et vous ne recevrez plus de communications de la part de nos services”. Certains membres contactés par RMC assurent qu'ils n'ont pas encore reçu ce mail et ils "gardent espoir" d'être des volontaires dès le mois de juillet.

Coca-Cola pris pour cible ?

Il y a des marques qui cristallisent les tensions. Coca-Cola, l’un des partenaires les plus importants du CIO, en est une. Pour les membres de ces différents “groupuscules contestataires”, la marque de boisson représente “tout ce” qu’ils “n'aiment pas”, fait savoir auprès de RMC un membre de “riposte alimentaire”. Très présent sur le relais de la flamme olympique, Coca-Cola pourrait faire face à plusieurs actions, notamment dans les villes étapes, où la marque disposera d’un événement festif tous les soirs. Le concert de Coca-Cola, mercredi soir à Marseille, connaitra aussi un dispositif de sécurité conséquent, surtout que cet événement sera diffusé en direct à la télévision. “On doit aussi prendre cette diffusion en compte dans notre travail, là il n’y a aucun filtre en cas d’action”, admet une source au sein de l’organisation. Même sans la flamme olympique, des personnes pourraient se servir de cet événement pour médiatiser une action dès la première journée du relais.

Plusieurs étapes seront fortement scrutées par les services de l’Etat, notamment le passage de la flamme dans le département des Deux-Sèvres ou vers Strasbourg, une région qui faciliterait l’arrivée de perturbateurs venus spécialement d’Allemagne ou de Belgique pour mettre à mal le convoi de la flamme. Les autorités prennent aussi en compte les "particularismes locaux" dans plusieurs territoires. “Ce relais de la flamme peut aussi servir de tribune pour les actions syndicales à l’approche des Jeux”, alerte un responsable policier. Des itinéraires bis et ter sont prévus pour les transferts entre deux étapes mais par obligatoirement pour les relais qui s’effectuent sur des courtes distances.

La menace terroriste

Embarqué dans la caravane du relais, le GIGN, groupe d’élite de la gendarmerie nationale, n’a pas vocation à gérer les affaires courantes. Les personnels de ce groupe d’intervention n’interviendront qu’en cas d’attaque terroriste et auront pour but de se rendre directement au contact de la menace afin de la neutraliser. Le GIGN vient donc apporter son analyse et son expertise en complément des forces de l’ordre déjà déployées sur le relais de la flamme olympique.

Lors de ces relais, à une allure de 4km/heure, l’enjeu est immense pour les autorités. Objectif : éviter des perturbations et donc une mauvaise publicité avant même le début des Jeux olympiques, fin juillet.

Article original publié sur RMC Sport