JO 2024: gonflés à bloc, les Bleus du water-polo lancent leur préparation olympique

Ce matin de la mi-juin, les traits sont tirés au bord du bassin de l'INSEP. Les vingt joueurs du groupe français de water-polo qui prépare les Jeux olympiques viennent de passer un peu plus de trois heures dans l'eau. Les Bleus voient le bout du tunnel d'un gros bloc de travail physique. "On n'a qu'une séance par jour, mais on la sent passer", rigole le capitaine Ugo Crousillat. "Je n'avais encore jamais fait ça. Même à 33 ans je découvre des nouveaux trucs donc c'est cool. On est dans le dur, mais il y a un tel objectif au bout que quand on est fatigués, on y pense et ça repart !"

Avec quelques inévitables petits bobos comme cette épaule du capitaine qui grince un peu... "Mais avec le staff médical en place et tout ce qui est fait je n'ai pas trop d'inquiétude". Les deux kinés veillent au bord du bassin tout le long de la séance. "Je suis tellement à fond dans la prépa que je n'arrive même pas à imaginer qu'on a les JO dans un mois et demi", poursuit le Marseillais. "Et c'est peut-être mieux d'ailleurs !"

Les Bleus se sont retrouvés fin mai à Canet-en-Roussillon pour débuter la préparation olympique. Mais n'ont pas vraiment eu le temps de profiter des plages catalanes. "On a beaucoup nagé et fait beaucoup de moments sans ballon", résume dans une grimace Thomas Vernoux. "A Canet on nageait entre huit et neuf kilomètres par jour. C'est très dur sur les bras, sur les jambes. Dans la tête on commençait un peu à lâcher car ce n'est que du physique et on ne s'amusait pas trop."

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"Sortir la meilleure préparation de leur vie"

A l'INSEP et avec l'arrivée de Vjekoslav Kobescak, l'entraîneur adjoint croate, Vernoux et la bande ont retrouvé le ballon. "On commence un peu à s'amuser."

Un travail de fond indispensable si les poloïstes français veulent rêver d'une épopée olympique. "On essaye de progresser de 10 à 15% sur tous les pans de notre performance", détaille l'entraîneur Florian Bruzzo. "Donc évidemment ce qu'ils aiment le moins c'est la prépa physique et on vient de sortir d'un gros bloc. C'était intense ! Mais ils le savent pertinemment et tout le monde le sait : le travail c'est la base de la réussite. Et depuis trois ans ils travaillent vraiment bien et vraiment dur, je n'arrête pas de leur dire. Et ils sont récompensés par leurs performances donc c'est un cercle vertueux qui s'est mis en place. Les gars savent qu'il faut en passer par là et ils se sont vraiment jetés dans le truc, ils sont au top."

Si l'ambition d'aller décrocher une médaille à Paris, et même la plus belle, est clairement affichée, l'exigence du staff est également montée d'un cran. "Je leur ai demandé qu'ils sortent la meilleure prépa de leur vie", poursuite Bruzzo. "Et j'ai demandé ça également au staff. On n'a pas changé énormément de choses, on a notre routine, nos process. On a élevé tous nos curseurs parce que les mecs arrivent à élever leurs curseurs, donc on est encore plus ambitieux dans la prépa."

Message reçu par les troupes. "Les gars sont motivés", tranche l'ancien Michael Bodegas. "Franchement on se mange des kilomètres et des kilomètres, c'est compliqué, on ne compte pas nos heures on est loin de nos familles. Moi je suis loin de mes enfants c'est super compliqué. Mais on sait pourquoi on fait les choses. Vivre des JO à la maison c'est une des raisons pour lesquelles je suis encore là à 37 ans. Je mets mes lunettes et je me tais. Je me lève à 7h du matin et je me couche à minuit mais ce n'est pas un souci."

Une charte de vie olympique rédigée par les joueurs

A mesure que les Jeux se rapprochent, le groupe va aussi se resserrer. De vingt nageurs à un groupe final de treize poloïstes dont les noms seront connus autour du 8 juillet. "On a une attention particulière à l'anxiété", précise Florian Bruzzo. "Ça ne va pas être une annonce de liste comme les autres. J'ai déjà écarté quelques joueurs et en tant que sélectionneur, je l'ai déjà vécu. Quand tu annonces à quelqu'un qu'il ne fait pas les Jeux olympiques, ce n'est pas comme si tu lui annonçais qu'il ne fait pas les championnats du monde ou d'Europe. Et en plus avec Paris 2024... C'est dur pour eux. Donc il y a une anxiété qui se crée par rapport à l'annonce de la liste. On essaye de les centrer sur eux, sur l'équipe et de ne pas regarder dans l'assiette du voisin. Parce que ce ne sont pas les treize meilleurs qui vont aller aux Jeux olympiques, mais le meilleur treize. Et c'est une donnée qui est importante."

Certains profils ont même été fléchés en amont pour participer aux entraînements, même s'ils sont écartés de l'aventure olympique. Les joueurs vont profiter des dernières semaines de préparation pour rédiger une charte. "Avec des règles importantes pour nous à suivre jusqu'à la fin des Jeux", détaille Michael Bodegas. "Le village olympique c'est quelque chose de très particulier. Il faut arriver à tout faire en groupe. Pour avoir cette protection et garder cet esprit d'équipe il faut s'attendre à chaque rendez-vous, que personne ne soit en retard, qu'on aille manger tous ensemble, qu'on s'attende à la fin des repas... Et ça pendant deux semaines, je sais que ce sont des choses qui sont compliquées."

Une charte dont les bases seront posées par le groupe des leaders et validé par tous les joueurs. Florian Bruzzo le sélectionneur "y jettera un œil mais ça leur appartient. C'est une espèce de contrat moral entre eux."

L'équipe de France masculine de water-polo ira ensuite jouer deux matchs amicaux en Italie, puis jouera deux matchs à Montpellier et Sète contre le Monténégro. "On doit sortir sur deux tournois à Belgrade et Budapest pour être confrontés à l'arbitrage international sur des tournois officiels. Et puis aller affronter les meilleures nations mondiales, chez elles, avec huit à dix mille personnes ça reste quand même hyper important pour nous." Dans la dernière ligne droite, les Bleus effectueront des matchs d'entraînement avec les Etats-Unis. Avant de lancer leur tournoi olympique le 28 juillet à 19h30 face à la Hongrie, contre qui les Bleus avaient créé l'exploit en quart de finale du dernier Mondial.

Article original publié sur RMC Sport