JO 2024: comment les danseurs de la cérémonie d'ouverture préparent en secret une chorégraphie monumentale

Sous un hangar de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), les secrets d’un événement planétaire. Ils sont cinquante danseurs, Français et étrangers, à répéter ce jour-là une chorégraphie de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques de Paris 2024. Dos au grand miroir fixé sur tout un pan de mur en briques, la chorégraphe française Maud Le Pladec s’adresse à eux en anglais: "Ok tout le monde, restez-bien à vos places. Juste après le pas que nous venons de voir, je voudrais ajouter ce mouvement de bras."

"One, two, three, four." Mains et corps ondulent sur le côté et au mouvement de pied vers l’avant, les danseurs crient "AH". Maud Le Pladec reprend et leur enseigne deux autres pas, chacun suivi d’un cri. Souriante, la chorégraphe se tourne vers la trentaine de journalistes présents: "Ils vont ajouter ce dernier petit extrait sur une base qu’ils ont déjà apprise et la performer pour vous en musique… Je suis très heureuse que vous soyez là !"

50 secondes de chorégraphie révélées

La musique part, un morceau énergique composé par Victor Le Masne, spécialement pour l’occasion. Les corps des cinquante danseurs se meuvent peu à peu avant de se transcender dans beaucoup d’émotions. Après une cinquantaine de secondes de performance, la musique s’arrête. La suite, le 26 juillet.

Cette chorégraphie fait partie d’un des quelque douze tableaux de danse qui seront performés le jour de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques. Maud Le Pladec, qui dirige la danse pour les quatre cérémonies des Jeux a posé sa patte "punchy et sportive" sur les chorégraphies de la cérémonie d’ouverture. La quadragénaire a créé quelque chose de "très organique et visuel pour la télévision". "Quand je me remémore, toutes les cérémonies d’ouverture que j’ai pu voir, il me reste des traces indélébiles. Je me rappelle de Philippe Decouflé (chorégraphe de la cérémonie d’ouverture des Jeux d’Albertville), il me reste à la fois l’émotion et l’image et c’est avec ça que je travaille", insiste-t-elle.

Mais l’habituée des grandes scènes (directrice du Centre chorégraphique national d’Orléans, bientôt directrice du CCN - Ballet de Lorraine) doit cette fois composer avec un environnement "original et unique": six kilomètres de berges et de ponts autour de la Seine. "Cela crée des contraintes spatiales et des contraintes d’organisation du travail. (...) Techniquement, il faut s’adapter, sortir de sa zone de confort", affirme Maud Le Pladec.

"Il va falloir s'entraîner à danser la chorégraphie en plein cagnard"

Dans un brouhaha général sous les néons multicolores du hangar, les danseurs en sweatshirt et crop tops semblent détendus, pourtant déjà filmés par des télévisions internationales telles que la BBC ou la NBC. "On ne s’imagine pas, on sera beaucoup plus de danseurs et on ne sait pas comment ça va se passer quand on sera tous ensemble", reconnaît Léo Abtouche, l’un des cinquante danseurs présents ce jour-là. Le jour de la cérémonie, ils seront 400 à performer le même tableau que lui, plusieurs centaines en tout devant les 326.000 spectateurs des berges et les télévisions du monde entier. "On va jouer en été, en extérieur. Il va falloir se préparer à cela mentalement et s’entraîner à danser la chorégraphie en plein cagnard", ajoute le danseur professionnel de 24 ans.

Casté il y a quelques mois, Léo a conscience de l’enjeu: "C’est plus qu’une fierté, quand je l’ai annoncé à ma mère, elle était choquée. Elle a envoyé un mail à toute la famille et elle a appelé toutes ses copines." Pour gérer la pression, il peut compter sur Maud Le Pladec qui travaille depuis six mois avec les différents danseurs répartis sur plusieurs semaines de répétitions. "Je leur dis d'être eux-mêmes. C'est énorme ce que cela représente pour eux, je les mets dans le contexte mais je n’ai pas besoin de le faire car ils sont déjà prêts."

Article original publié sur RMC Sport