Les jeunes passent beaucoup plus de temps sur leurs écrans qu’à lire, et ça ne va pas en s’arrangeant

Le Centre national du livre a rendu son rapport 2024 sur le rapport qu’entretiennent les jeunes de 7 à 19 ans avec la lecture. Et les chiffres sont alarmants.

LIVRES - Les livres ont beau être plus lourds que les smartphones, ils ne font visiblement pas le poids. Le Centre national du livre a dévoilé ce 9 avril le résultat de son étude 2024 sur la lecture et les jeunes, menée avec l’institut Ipsos. Deux ans après la dernière analyse sur ce sujet, au sortir du plus fort de la pandémie de Covid, le CNL tire à nouveau la sonnette d’alarme sur un phénomène qui va en s’aggravant.

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5 h 10 par jour. C’est le temps que passent en moyenne les jeunes de 16 à 19 ans sur les écrans (smartphone, ordinateur ou télévision), d’après cette étude relayée par Le Figaro. Le temps qu’ils accordent à la lecture est plus de 25 fois inférieur puisqu’ils ne consacrent que 12 minutes à la lecture. Les lycéens sont la classe d’âge chez laquelle le fossé est le plus impressionnant.

Les jeunes aiment de moins en moins lire

Mais ce que souligne le rapport du CNL, c’est que les chiffres sont tout aussi préoccupants chez les plus jeunes. Entre 7 (l’âge médian auquel les enfants savent lire en autonomie) et 19 ans, les enfants et adolescents passent en moyenne 3 h 11 sur divers écrans, contre 19 minutes le nez dans un (vrai) livre. Soit pratiquement dix fois moins de temps à lire.

Une tendance qui va en s’aggravant, puisque comme le souligne le rapport, la même étude réalisée en 2022 affichait un temps de lecture quotidien de 23 minutes pour cette large tranche d’âge. La lecture « séduit » de moins en moins comme le montre le rapport puisque 31 % des jeunes de 16 à 19 ans affirment ne pas aimer lire. En 2022, ils n’étaient « que » 21 %.

Le rapport met également en avant une disparité remarquable entre les filles et les garçons à tous les âges, mais plus marquante chez les lycéens. Dans cette classe d’âge, les filles lisent en moyenne 17 minutes par jour, contre seulement 7 minutes pour les garçons.

L’effet du Covid sur les habitudes de lecture

Pour expliquer l’origine de ce décrochage, on retrouve l’intensification de l’addiction aux écrans d’une part, mais aussi l’effet de mimétisme, car 18 % des jeunes déclarent que leurs parents ne lisent jamais de livres, ainsi que le Covid.

Ce que décrypte pour Télérama la présidente du CNL, Régine Hatchondo. « La crise du Covid a sans doute amplifié ce phénomène. Si les confinements ont bénéficié aux livres, les séries et les jeux vidéo en ont profité bien davantage. Par ailleurs, durant la pandémie, le temps de lecture dans les transports en commun avait disparu, tandis qu’à la maison les frontières entre ce qui relevait des devoirs et de la lecture de loisirs étaient devenues plus floues. »

La présidente du CNL met ainsi en avant l’existence d’une possible « génération Covid » qui aurait pris des habitudes pendant la pandémie. « Ce que montre l’étude cette année, c’est un second décrochage très fort chez les 16-19 ans. Or, dans la précédente étude réalisée en 2022, on avait également constaté un décrochage de lecture marqué, mais chez les 13-15 ans. Au point que nous nous demandons s’il n’y a pas une génération Covid, ou en tout cas une tranche d’âge Covid. Cette hypothèse demandera à être confirmée dans une prochaine étude en observant quel rapport à la lecture auront ces jeunes quand ils seront plus âgés. »

Les nouveaux usages de la littérature

Le rapport met également en avant de nouveaux usages de la « littérature ». La bande dessinée et ses variations comics et manga gagnent de plus en plus de lecteurs, surtout chez les garçons. Les mangas représentent ainsi 75 % des livres lus par les garçons âgés de 13 à 15 ans.

La force du roman baisse un peu, mais reste stable chez les filles en particulier grâce à certains genres comme les romans d’amour, la science-fiction, et surtout la dark romance, un genre où les héroïnes (la plupart du temps) passent par des drames avant finalement de s’en sortir par l’amour, style qui convainc 40 % des 16-19 ans.

L’étude du Centre national du livre souligne également la place prise par les nouveaux moyens de consommation de la littérature. 44 % des jeunes ont déjà lu un livre numérique alors qu’ils n’étaient que 33 % en 2022. Une pratique encore plus courante chez les 16-19 ans, qui sont 76 % à avoir déjà lu un livre sur leur smartphone. Le livre audio gagne aussi en présence puisque 42 % des jeunes en ont déjà écouté, contre 39 % en 2022 et 21 % en 2016.

L’étude met enfin en lumière le fait que ce qui pousse les jeunes à ouvrir un livre a changé. Ils sont de plus en plus nombreux à se laisser conseiller par leurs amis, mais aussi par les réseaux sociaux, ou des séries télévisées. Cela représente 80 % des 16-19 ans, on pense par exemple à des sagas comme Bridgerton, L’été où je suis devenue jolie ou encore Shadow and Bone. Visiblement, les nombreuses adaptations ne sont cependant pas suffisantes pour inverser la tendance par rapport aux écrans.

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