Jean-Yves Camus : Civitas, des « Torquemada de sous-préfecture »

Le 7 mai 2023, des partisans de Civitas rendent hommage à Jeanne d'Arc dans les rues de Paris.  - Credit:Noémie Coissac/Hans Lucas via AFP
Le 7 mai 2023, des partisans de Civitas rendent hommage à Jeanne d'Arc dans les rues de Paris. - Credit:Noémie Coissac/Hans Lucas via AFP

L'organisation Civitas sera-t-elle dissoute ? Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé, le 7 août, avoir demandé à ses services d'instruire une procédure en ce sens, après les propos antisémites « ignominieux » tenus lors de l'université d'été du mouvement. Depuis 2011, et ses premières attaques contre des spectacles jugés « blasphématoires », l'organisation intégriste a su faire parler d'elle… à défaut d'accéder à une réelle existence politique. Jean-Yves Camus, spécialiste de l'extrême droite et des radicalités politiques, éclaire, pour Le Point, la nature de cette formation.

Le Point : Quelles sont les origines de Civitas ?

 - Credit: ©  IBO/Sipa
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Jean-Yves Camus, codirecteur de l'Observatoire des radicalités politiques et chercheur rattaché à l’Institut des relations internationales et stratégiques, à Paris, en octobre 2018. © IBO/SipaJean-Yves Camus : Il faut, pour les comprendre, remonter à l'existence, à partir de 1946, d'une organisation assez peu connue : la Cité catholique, un mouvement qui cherche à établir des réseaux d'influence capables d'orienter la vie politique et la législation dans le sens de la doctrine de l'Église catholique. Ce mouvement a eu une certaine importance, notamment pendant la guerre d'Algérie dans le milieu des officiers favorables à l'Algérie française, de même que dans une partie du patronat chrétien. Et puis, en 1988, survient la fameuse affaire des sacres : après que Mgr Lefebvre a ordonné quatre évêques sans l'autorisation du p [...] Lire la suite