Jean-Paul Rouve dans « Le Consentement » : « Quand vous jouez un salaud… »

Jean-Paul Rouve en Gabriel Matzneff. - Credit:
Jean-Paul Rouve en Gabriel Matzneff. - Credit:

Au début, on entend juste sa voix. Qui poursuit une adolescente errant dans Paris, visage juvénile et stressé. Tantôt caressante et menaçante, la voix off cerne, emprisonne, manipule en revendiquant « une lumineuse histoire d'amour ». C'est celle, au timbre si particulier, de Jean-Paul Rouve. Trois ans après l'électrochoc provoqué par Le Consentement (traduit dans une trentaine de langues), le livre dans lequel Vanessa Springora racontait, sans acrimonie ni victimisation, sa relation douloureuse avec Gabriel Matzneff, l'acteur incarne l'écrivain dans le film qu'en a tiré Vanessa Filho.

L'action se situe en 1985, lorsque Vanessa Springora, jouée par Kim Higelin (petite-fille de Jacques Higelin), a 14 ans et l'écrivain 50. Elle est attirée par cet homme brillant et tombe sous son emprise, sexuelle et psychologique, à une époque où le « jouir sans entraves », hérité de 1968 ne condamne pas la pédophilie. Cette histoire vraie mais diabolique, celle d'une adolescente consentante prise au piège d'un prédateur, la réalisatrice s'en empare sans jugement moral et suit fidèlement le récit de l'autrice. C'est l'une des grandes forces de ce film, dans lequel Rouve réussit une partition glaçante.

Mais comment se décide-t-on à jouer un tel personnage ? Et surtout, comment le jouer ? « C'est toujours intéressant de jouer un pervers », répond l'acteur qui a su incarner Jeff Tuche comme le casseur du siècle Albert Spaggiari. « Mais c'est difficile… En effet, il ne raisonne p [...] Lire la suite