Jean-Marie Rouart et la comtesse italienne

« Marietta », ou « L’Odalisque romaine », de Camille Corot (1843), quasi contemporaine de la comtesse italienne qui a inspiré Jean-Marie Rouart. - Credit:Bridgeman Images
« Marietta », ou « L’Odalisque romaine », de Camille Corot (1843), quasi contemporaine de la comtesse italienne qui a inspiré Jean-Marie Rouart. - Credit:Bridgeman Images

Rares, très rares, sont les experts de l'épopée napoléonienne qui, à ce jour, ont repéré cette comtesse Miniaci dont l'existence n'est attestée que par quelques rumeurs ou chroniques. Pour un romancier tel que Jean-Marie Rouart, toujours avide de romanesque et de légendes, ce genre de personnage, qui permet de revisiter l'Histoire en la complétant si besoin, c'est l'idéal. Il s'est donc jeté comme un diable sur cette croqueuse d'hommes qui donnait des fêtes mémorables dans son palais florentin en 1815 – tout en prouvant que, sans elle et son commerce de voluptés, la sublime aventure des Cent Jours n'aurait peut-être pas existé.

D'où cette Maîtresse italienne, roman savant où l'inexactitude sert d'écrin à la vérité. Le Louis Aragon de La Semaine sainte et le Balzac d'Une ténébreuse affaire avaient usé du même procédé, qui donne les pleins pouvoirs à la littérature – ce dont, en la circonstance, nul ne se plaindra. D'abord, les faits : Napoléon est emprisonné à l'île d'Elbe, c'est un aigle en cage, les rois le craignent encore et le surveillent –, mais le « grand proscrit » n'a pas l'intention d'attendre que les éminences du congrès de Vienne le relèguent à Sainte-Hélène. Le monde bruit alentour. Complots, renversements d'alliances, intrigues d'alcôve, vieux fidèles et fringants ambitieux se mêlent dans un bal où la plupart vont retourner leur veste, tandis que Talleyrand et Metternich donnent le tempo du nouvel ordre européen. Le destin retient son souffle…

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J [...] Lire la suite