Jean-Louis Thiériot rend hommage à Maurice Barrès, auteur antisémite, le silence LR pointé du doigt
POLITIQUE - Un hommage qui ne passe pas. Le député Les Républicains Jean-Louis Thiériot, historien de formation, s’attire les foudres d’une partie de la classe politique pour avoir tressé les louanges de l’écrivain antisémite Maurice Barrès, figure de proue du nationalisme français, dans un texte publié dans Le Figaro Magazine et diffusé sur Le Figaro Vox dimanche 13 août.
Un article dans lequel l’élu de Seine-et-Marne exalte « la place de Maurice Barrès dans l’édification de notre imaginaire national », sans trop s’appesantir sur son antisémitisme et son antidreyfusisme qui conduira l’auteur - et parlementaire - à déclarer : « Dreyfus est un traître, je le déduis de sa race. » Des propos sur lesquels il est ensuite revenu, mais sans convaincre.
Un siècle après la mort de Maurice Barrès, le texte de Jean-Louis Thiériot apparaît donc à certains observateurs ou élus comme une tentative de réhabilitation insupportable. « Sans aucun problème Le Figaro fait l’éloge d’un antisémite notoire », regrette ainsi le député insoumis de Seine-Saint-Denis Thomas Portes sur X (Twitter) quand son collègue Matthias Tavel évoque, lui, une entreprise « abjecte ».
« Euphémisme inacceptable » ou « révisionnisme antirépublicain »
Pour dénoncer l’hommage rendu par leur collègue LR, plusieurs élus, surtout à gauche, rappellent sur les réseaux sociaux certaines déclarations de l’écrivain présenté dans Le Figaro sous le titre de « héraut de l’union sacrée. » Au-delà de la sentence concernant Alfred Dreyfus, devenue tristement célèbre.
Hadrien Clouet, par exemple, exhume une ribambelle de citations attribuées à Maurice Barrès, à l’image de celle-ci : « ’À bas les Juifs ! Sera‑t‑il le titre d’un chapitre particulier de notre histoire intérieure ? La foule eut toujours besoin d’un mot de guerre pour se rallier, elle veut quelque cri de passion.’ » Des mots écrits par l’écrivain en février 1890, souligne le député.
“À bas les Juifs !” sera‑t‑il le titre d'un chapitre particulier de notre histoire intérieure ? La foule eut toujours besoin d'un mot de guerre pour se rallier, elle veut quelque cri de passion". Votre ami Barrès, dans vos pages (!), février 1890.
— Hadrien Clouet (@HadrienClouet) August 13, 2023
« Le Figaro fait donc l’apologie d’un antisémite et raciste acharné, antidreyfusard donc traître à la patrie républicaine. Il n’est pas ’exilé’ mais justement condamné par tous les partisans des droits de l’homme », cingle encore l’élu de Haute-Garonne, pour qui « résumer » la « pensée » de Maurice Barrès en « enracinement, libertés locales, quête d’unité », comme tend à le faire Jean-Louis Thiériot, « c’est soit de l’euphémisme inacceptable, soit du révisionnisme antirépublicain. »
Le silence des LR pointé du doigt
Dans son texte, le député LR résume ses réserves à l’égard de Maurice Barrès en quelques mots. Il estime effectivement qu’il a « largement contribué » à la « mosaïque de haines » du début du XXe siècle, « quand il s’est jeté dans l’arène, pour le pire lors de l’affaire Dreyfus, pour le meilleur quand il parviendra à faire adopter une loi imposant l’entretien des églises de France, malgré la loi de séparation. »
Dans ce contexte, l’indignation face à cet éloge dépasse les frontières de la gauche. « Maurice Barrès était surtout le héraut de l’antisémitisme et du racisme », écrit par exemple de son côté Ronan Loas, le maire (Horizons) de la commune bretonne de Ploemeur, en soulignant le silence de l’état-major du parti d’Éric Ciotti.
"Que Dreyfus est capable de trahir, je le conclus de sa race", Maurice Barrès était surtout le héraut de l’antisémitisme et du racisme. Aucune réaction des @lesRepublicains ? Après Medine chez @EELV et LFI, que chacun balaye devant sa porte… https://t.co/0fgj3LCItp
— Ronan Loas (@RonanLoas) August 14, 2023
« Aucune réaction des Républicains ? », ajoute-t-il, en faisant un parallèle entre les louanges du député et la présence du rappeur Médine (accusé d’avoir fait un jeu de mots antisémite visant Rachel Khan) aux universités d’été de la France insoumise et d’EELV, « Que chacun balaye devant sa porte. »
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