Mon Jean-Louis Murat à moi

Le chanteur Jean-Louis Murat se produit lors du Nancy Jazz Pulsations 2004, le 20 octobre 2004 à Nancy.  - Credit:JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP
Le chanteur Jean-Louis Murat se produit lors du Nancy Jazz Pulsations 2004, le 20 octobre 2004 à Nancy. - Credit:JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN / AFP

« Ça, c'est une poignée de mains de paysan. » Dans la bouche de Jean-Louis Murat, la remarque valait un joli compliment. J'avais rencontré le chanteur il y a une bonne dizaine d'années, dans un café proche de la Maison de la radio, à Paris. Il était en tournée de promotion. L'exercice ne semblait pas trop lui plaire. Sans doute préférait-il la solitude de ses montagnes d'Auvergne. Il était là, quasi incognito, les cheveux en vrac, la mise relâchée, l'air d'être dans la ville sans vouloir y être, avec toujours cette voix chaude et caressante.

Je crois qu'il avait commandé un verre de vin blanc. Il était tantôt charmant, tantôt râleur, dénigrant « ces chanteurs qui gueulent » (il faisait référence à Patrick Fiori et Patrick Bruel) et le « cirque » des Enfoirés, qu'il voyait comme un système de promotion facile pour artistes de second rang auquel il n'avait aucune envie d'être associé. Nous avions presque sympathisé. C'est étonnant, un chanteur en promo qui ne fait pas de promo. Il m'avait laissé son numéro de téléphone en Auvergne, me proposant de passer à l'occasion, ce que je n'ai jamais osé faire.

Je l'ai revu quelques années plus tard, dans le bar cossu d'un hôtel parisien. Nous avions convenu de parler de la France, pour une interview à publier dans le journal. La politique, la société, tout cela semblait l'accabler. Il avait cité Léon Bloy et Philippe Muray, références éloquentes d'un homme cultivé et fin. Muray-Murat, une lettre finale de différence, ma [...] Lire la suite