"J'ai peur": la communauté juive inquiète face à la montée de l'antisémitisme en France
En France, depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier, les actes antisémites se multiplient. Le dernier bilan confirmé par le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin ce lundi 30 octobre: 819 actes, soit presque deux fois plus que toute l'année 2022. Le membre du gouvernement a regretté "un antisémitisme latent" en France ces derniers jours.
Cette inquiétude semble partagée par la communauté juive de France. "Aujourd'hui, en France, en 2023, je suis française, juive et je n'ai pas peur de le dire: j'ai peur", témoigne Alice auprès de BFMTV.
Depuis l'attaque meurtrière contre Israël, elle a demandé à ses enfants d'"enlever leurs étoiles" et surtout, "de faire attention":
"Enlevez vos étoiles, faites attention. On se dit ça toute la journée, faites attention, faites attention, on ne sait pas trop à quoi d'ailleurs. On ne sait pas trop comment. Mais on se le dit", raconte la mère.
La France, qui comporte la première communauté juive d'Europe, tente de la protéger. Le ministère de l'Intérieur a demandé que la sécurité des lieux de culte ou des écoles juive soit assurée. Un élément pas si rassurant pour la mère. "Ça dit quand même quelque chose de l'imminence et de la réalité du danger", regrette-t-elle.
Des craintes exacerbées par la menace terroriste, qui s'est déjà plusieurs fois retournée contre cette communauté. C'était le cas des tristement célèbres attentats de Toulouse perpétrés en 2012 par Mohammed Merah.
Des tags sur les maisons de croyants
La mère de famille dit revoir se dérouler devant ses yeux "des heures très sombres de notre histoire". Parmi ces échos du passés, les tags antisémites qui fleurissent un peu partout en France. Dernier exemple en date, la façade d'une habitation à Saint-Ouen-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Des étoiles de David ont été "déposées au pochoir sur les murs", relate la mairie.
Selon les informations de BFM Paris-Ile-de-France, au moins trois écoles juives ont reçu des menaces ce lundi matin dans la région parisienne. Des menaces ont également visé des synagogues et des commerces casher franciliens.
"C'est un stress évident et permanent", déplore Benjamin Allouche, membre du bureau exécutif du Crif, à la lumière de ces événements.
Dans ce contexte, nombreux sont les pratiquants à "faire plus attention", comme l'expliquait Samuel Louzon, secrétaire national de l'Union des étudiants juifs de France. "Vendredi, je suis allé à la synagogue et j'ai enlevé ma kippa dans la rue, ce que je ne fais pas d'habitude", témoigne-t-il.
Plus généralement, les croyants disent essayer de cacher les signes ostentatoires pouvant montrer leur confession juive. Arborer sa kippa ou accrocher sa Mezouzah devant les foyers sont pour certains une chose du passé.